A sa création, le 22 août 1964, la Patrouille suisse volait sur quatre chasseurs britanniques Hunter. En prévision de l'Exposition nationale de 1964 à Lausanne et du cinquantenaire des forces aériennes, l'entraînement avec la double patrouille de Hunter a été intensifié.
L'escadrille d'acrobatie aérienne s'est rapidement fait un nom, encouragée par l'armée elle-même, qui a reconnu sa valeur pour le marketing. Et les médias l'ont accompagné avec enthousiasme.
La Patrouille suisse vole depuis 1995 sur des F-5 Tiger. Six appareils sont engagés lors des démonstrations. Contrairement à de nombreuses autres équipes de démonstration, la Patrouille Suisse utilise un avion de combat activement employé par les forces aériennes suisses.
Un avenir menacé
La formation de vol acrobatique de l'armée de l'air a 60 ans cette année, mais son commandant n'a pas vraiment le coeur à la fête. La Patrouille pourrait bientôt disparaître. "Ça me rend triste, bien sûr, mais nous pouvons être fiers, car durant 60 ans, nous avons été les ambassadeurs des Forces aériennes", a déclaré le commandant Nils Hämmerli vendredi dans le 19h30 de la RTS. "Nous avons pu montrer que nos avions sont toujours prêts à intervenir."
L'avenir de la Patrouille fait en effet l'objet de vives discussions dans le monde politique. En juin, le Conseil national a rejeté un postulat de sa commission de politique de sécurité qui demandait au Conseil fédéral de présenter un rapport sur le possible maintien en service des F-5.
Le Département fédéral de la défense (DDPS) veut lui mettre un terme à l'exploitation des Tiger à la fin 2027. En raison de la situation financière actuelle, l'armée veut concentrer principalement ses dépenses sur de nouveaux systèmes.
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Une exploitation coûteuse
Les douze F-5 Tiger de la Patrouille Suisse coûtent chaque année 40 millions de francs à la Suisse. Pour prolonger leur exploitation, des investissements à hauteur de neuf millions de francs seraient nécessaires, selon la NZZ. S'y ajoutent des coûts de personnel et de carburant à hauteur de 14 millions de francs.
Abandonner les Tiger représente donc un gros potentiel d'économies, souligne la conseillère nationale socialiste bâloise Sarah Wyss. "Cet argent pourrait être utilisé pour rééquiper notre armée", indique-t-elle.
Une motion déposée
Ces dernières années, l'image de l'escadrille a pâli, certaines manifestations ne voulant plus programmer de shows aériens pour des raisons d'impact sur le climat. Le conseiller aux Etats bernois Werner Salzmann s'oppose toutefois au démantèlement de la Patrouille. Selon l'élu UDC, elle "n’est pas un simple hobby", mais "elle contribue à la capacité de défense et à la force de dissuasion de notre pays".
A l'heure de la guerre en Ukraine, ses spectacles sont donc plus utiles que jamais, estime-t-il. "Une armée de milice a besoin de publicité. La Patrouille suisse est un instrument essentiel pour recruter de nouveaux soldats, on ne devrait pas y renoncer", affirme encore Werner Salzmann, qui a déposé une motion exigeant le maintien de la Patrouille suisse en tant que formation de jets.
Le Conseil des Etats devra se prononcer lors de la prochaine session d'automne. Le DDPS examine lui la possibilité de poursuivre la Patrouille suisse avec un autre type d'avion.
Sujet TV: Jean-Marc Heuberger
Adaptation web: edel avec ats