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La population suisse votera une nouvelle fois sur l'expérimentation animale

Une nouvelle initiative veut lutter contre l'expérimentation animale en Suisse, en hausse ces dernières années. [Keystone - Gatean Bally]
Nouvelle initiative déposée à Berne contre l’expérimentation animale dans le domaine scientifique / Le 12h30 / 2 min. / le 11 novembre 2024
Le peuple suisse se prononcera à nouveau sur l'expérimentation animale: 127'622 signatures soutenant l'initiative populaire "Oui à un avenir sans expérimentation animale"ont été déposées lundi à la Chancellerie fédérale.

Le texte exige que les expériences sur les animaux ainsi que l'élevage et le commerce d'animaux destinés à de telles expériences soient interdits. Il provient d'une association alémanique, "Initiative pour l'interdiction de l'expérimentation animale CH". Celle-ci avait déjà annoncé mi-octobre avoir récolté le nombre de paraphes nécessaires.

Avant la remise des signatures, l'association a organisé une veillée silencieuse devant la Chancellerie, à la mémoire de tous les animaux souffrant lors d'expérimentations.

95% de médicaments inefficaces

S'appuyant sur plus de cent recherches, le comité estime que les expériences faites sur les animaux représentent une méthode de recherche insuffisante, non seulement sur le plan éthique mais aussi sur le plan scientifique. Ce sont 95% des médicaments déclarés appropriés lors de l'expérimentation animale qui ne fonctionnent pas chez l'être humain, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Les initiants demandent donc de recourir à des expériences sans animaux, et à des instruments de mesure qui n'impliquent pas de douleur, comme des cultures de cellules, de tissus ou d'organes. Ces méthodes fournissent des résultats assez reproductibles, "la caractéristique principale d'une bonne recherche".

Et le comité d'affirmer que, chaque année en Allemagne, 8000 patients meurent d'effets secondaires liés à des médicaments testés "soi-disant de manière sûre" au préalable sur des animaux et que 81% des effets secondaires chez l'être humain n'ont pas pu être détectés lors de l'expérimentation animale.

Enfin, les produits cosmétiques ne sont pas devenus moins sûrs après l'interdiction des expériences faites sur les animaux pour les cosmétiques, selon les initiants.

Les principes 3R

Réagissant dans un communiqué, le Fonds national suisse (FNS) a mis en garde contre les conséquences d'une interdiction. La recherche helvétique s'en verrait affaiblie, avec des délocalisations possibles à l'étranger, où la législation est souvent moins stricte. En outre, l'expérimentation animale ne peut que partiellement être remplacée par des méthodes alternatives, telles que les cultures de cellules.

Le FNS a encore rappelé les principes 3R: "replace" (mise au point de méthodes alternatives), "reduce" (utiliser le moins d'animaux possible tout en obtenant le plus de connaissances possible), "refine" (réduire au maximum les contraintes infligées aux animaux). Seuls les projets qui correspondent aux dernières connaissances 3R sont encouragés, a-t-il souligné.

ats/ther

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Quatre initiatives rejetées

Depuis 1985, le peuple suisse a rejeté quatre initiatives populaires visant à interdire à divers degrés l'expérimentation animale, la dernière en 2022 à près de 80%.

En 2022, le nombre d'animaux utilisés dans des expériences est monté à près de 586'000, en hausse de 2%; ceux utilisés pour des expériences qui causent des douleurs importantes étaient aussi en augmentation, de 5%, notamment pour des recherches sur le cancer et les maladies neurocognitives.