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La procédure d'asile express sera bientôt appliquée à Boudry, assure Beat Jans sur place

Le centre de demandeurs d'asile de Boudry a reçu la visite de Beat Jans, venu pour rassurer la population
Le centre de demandeurs d'asile de Boudry a reçu la visite de Beat Jans, venu pour rassurer la population / 19h30 / 2 min. / le 20 mars 2024
La procédure d'asile express sera appliquée d'ici la fin du mois d'avril au centre fédéral pour requérants d'asile (CFA) de Boudry (NE). Le site neuchâtelois a reçu mercredi après-midi cette assurance de la part du conseiller fédéral Beat Jans en visite sur place.

"J'ai entendu vos préoccupations et je les prends très au sérieux (...) La population a le droit de vivre en sécurité", a déclaré le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) lors d'un point de presse. Il s'est dit "soucieux de se faire une idée de la réalité sur le terrain". Il a échangé avec des représentants du canton de Neuchâtel et de la commune de Boudry ainsi que d'organisations de la société civile.

Cette visite a été l'occasion pour le conseiller fédéral d'aborder "les défis rencontrés autour du CFA et de répondre aux inquiétudes relayées par les autorités cantonales concernant des incidents et un sentiment d'insécurité grandissant au sein de la population". La situation est, en effet, explosive depuis un certain temps, en raison de nombreuses incivilités, commises par une très faible minorité de personnes (vols, déprédations, harcèlement et gestes violents).

Les événements de Cortaillod (agression) et d'Yverdon (prise d'otages) "nous ont déstabilisés et choqués", a affirmé Beat Jans. "Il y a une minorité de personnes qui pèse lourdement sur le système de l'asile et qui est une source de nuisances pour la population", a reconnu le Bâlois.

Mesures locales et nationales

Le ministre socialiste a ensuite dit que de "nombreuses mesures" sociales et sécuritaires avaient été prises "pour améliorer sensiblement la situation". Elles ont été instaurées progressivement de concert avec le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) et les autorités cantonale et communale dans et autour du CFA.

Il a cité les plus importantes. Des patrouilles de sécurité externe ont été déployées afin de contribuer à la prévention de la violence et des incivilités. Les patrouilles introduites l'automne dernier dans les transports publics et financées à 90% par le SEM seront prolongées jusqu'en juin au moins, a annoncé Beat Jans.

Un projet innovant de médiation de rue a également été mis en place. Depuis le 1er janvier 2024, un médiateur engagé par le canton collabore avec un médiateur de l'encadrement du SEM. Ces deux médiateurs ont pour but de faciliter les liens entre la population et les requérants d’asile. Ainsi, des rencontres régulières sont en train d’être mises en place avec la population riveraine.

Le conseiller fédéral a dit "espérer que les mesures prises au niveau national porteront également leurs fruits". Lors de sa visite du CFA de Chiasso (TI) il y a un mois, il avait annoncé de nouvelles mesures pour désengorger le système de l'asile: multiplication des procédures express en 24h pour les demandes d'asile vouées à l'échec, durcissement envers les multirécidivistes et gel des demandes le week-end.

Priorité à la procédure express

La procédure dite express prévoit le traitement des demandes d'asile en 24 heures pour les requérants originaires d'Algérie, de Libye, du Maroc et de Tunisie. Fort de l'expérience zurichoise, le ministre veut étendre le projet-pilote à tous les centres d'asile fédéraux, là où sont déposées les demandes. Il s'agit des six centres ayant une fonction de procédure, à savoir, outre Zurich, ceux de Berne, Boudry (NE), Altstätten (SG), Chiasso (TI) et Bâle.

Selon un premier bilan, l'effectif des personnes venant de ces pays a diminué de moitié dans le CFA de Zurich. Il n'a en revanche que très peu diminué dans les autres centres fédéraux qui n'appliquent pas la procédure express.

Mercredi, le chef du DFJP a dit que ces mesures seront mises en place dans "les prochaines semaines" au centre de Boudry et en particulier la procédure express "d'ici la fin du mois d'avril". Il s'agira en outre de développer des programmes d'occupation, a-t-il aussi dit.

>> Le sujet du 19h30 sur la situation tendues dans les cantons: :

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Les centres fédéraux pour demandeurs d'asile cristalisent les tensions dans les cantons / 19h30 / 1 min. / le 20 mars 2024

Table ronde en vue

Au niveau sécuritaire, sur la base des recommandations émises par l'ancien commandant de la police zurichoise Thomas Würgler, les possibilités de détention administrative pour les requérants d'asile récalcitrants doivent être améliorées, selon lui. "Une table ronde à ce sujet impliquant les autorités fédérales et cantonales est prévue en avril à Boudry", a encore annoncé Beat Jans.

De son côté, le canton de Neuchâtel aimerait que la capacité du site de Boudry, ouvert en 2019 et l'un des plus gros de Suisse, soit revue à la baisse et que cette tâche soit répartie avec d'autres cantons. Beat Jans a répondu "ne pas pouvoir faire de promesses" mais qu'il était "ouvert au dialogue" et aux idées et solutions venant du canton ou d'autres cantons romands.

"Problématique complexe"

Invitée dans Forum, la conseillère d'Etat Florence Nater, en charge de la cohésion sociale, a pour sa part "salué l'écoute, le dialogue franc, sans tabou et constructif, ainsi que l'ouverture de Beat Jans". "Dans un monde idéal, on serait tenté d'espérer des solutions immédiates, mais on est conscient que la problématique est complexe", poursuit-elle.

Avant d'ajouter que Beat Jans a aussi mis en évidence les signes d'amélioration perceptibles. "Avec les mesures qui ont été déployées ces derniers mois, notamment en termes de sécurité dans les transports publics. Mais aussi d'accompagnement social de proximité dans la rue et la nécessité de pouvoir consolider ces mesures dans la durée", précise-t-elle.

Si Beat Jans attend maintenant des chiffres, des statistiques et des éléments concrets sur l'ampleur du phénomène, elle explique que c'est difficile de les obtenir. "Le sentiment de confiance perdue de la population ne se mesure pas seulement par des statistiques ou des dépôts de plaintes."

>> L'interview complète de Florence Nater dans Forum: :

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ats/fgn

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