Martin Vetterli: l'accord avec l'UE "est un très joli cadeau de Noël" pour la recherche
"C'est un très joli cadeau de Noël", affirme Martin Vetterli, qui suit ce dossier depuis 2014. Cette année-là, la Suisse avait été exclue des programmes européens de recherche et des échanges Erasmus, à la suite du vote sur l'immigration de masse.
Après une normalisation en 2017, la Suisse est à nouveau exclue en 2021, lorsque le Conseil fédéral tire la prise de l’accord-cadre avec l’Europe. Malgré tout, ce dégât d'image est réparable, estime Martin Vetterli.
"La réputation de la Suisse en recherche est absolument excellente. Je pense que c'est ce qui a joué aussi pour l'Union européenne de nous laisser revenir dans ces programmes européens", ajoute-t-il.
Mêmes taxes d'étude
Le nouvel accord associe la Suisse aux programmes de l’UE en faveur de la formation, de la recherche et de l’innovation. Il couvre la participation à Horizon Europe, Euratom, à l’infrastructure de recherche ITER et au programme Digital Europe, à Erasmus+ et à EU4Health.
Une future participation à d’autres programmes de l’UE est aussi ouverte, par exemple dans les domaines de la culture et des opérations spatiales.
L'accord prévoit également que les étudiantes et étudiants européens paient les mêmes taxes que les suisses. "Pour le milieu académique suisse, c'est une bonne nouvelle, parce que nous avons toujours vu les étudiants comme une source de talents et pas une source de revenus", affirme Martin Vetterli.
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Dangereux changement de paradigme
Il met toutefois en garde contre une potentielle hausse des frais d'études pour tous les étudiants, y compris les Suisses, que cette clause pourrait engendrer. "C'est une épée de Damoclès qui existe, puisqu'avec les problèmes financiers que l'on a actuellement en Suisse, c'est en discussion", indique le président de l'EPFL.
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Une telle décision ne serait pas bénéfique pour le monde scientifique, souligne-t-il. "C'est un changement de paradigme. On a toujours vu l'éducation comme un investissement dans le futur", explique-t-il. "Si on décide que les gens doivent payer pour leur éducation, c'est un modèle anglo-saxon et on sait où cela mène. Il n'y a qu'à voir les résultats politiques dans les pays que vous pouvez deviner", avance-t-il.
Martin Vetterli préconise donc un "vrai débat démocratique sur la question, avant de simplement, pour des questions budgétaires à court terme, prendre une telle décision".
"Travailler ensemble"
Par ailleurs, le président sortant de l'EPFL met en avant un autre défi politique. La pleine participation de la Suisse est encore suspendue à trois fils: un financement à débloquer, un aval du Parlement et des votations populaires.
Afin de convaincre le peuple, "il faudra tous travailler ensemble et bien expliquer pourquoi c'est important", estime Martin Vetterli, qui dit défendre "la recherche, l'éducation, la libre circulation des chercheurs et la libre circulation des idées".
Propos recueillis par Fanny Zürcher
Adaptation web: Emilie Délétroz