"La Suisse ne crée pas des déserts médicaux en France", mais elle aggraverait la situation
Mercredi dans La Matinale de la RTS, Marion Paradas, la nouvelle ambassadrice de France en Suisse, souligne l’amitié profonde entre les deux pays. "Il n'y avait pas de raison de se réconcilier, mais il y avait certainement un moment pour relancer une amitié qui est profonde", explique-t-elle.
En novembre dernier, lors de la visite du président de la République cette amitié a été clairement manifestée. Emmanuel Macron et Alain Berset ont pu parler d'Europe, des jeunes et aussi des relations économiques denses entre les deux pays. "Cette relation est extrêmement nourrie et je crois qu'elle est très positive", précise-t-elle.
La nouvelle ambassadrice a réagi à la décision de Berne de faire payer davantage les frontaliers pour leur assurance maladie. Elle souligne que cette question est au cœur des préoccupations transfrontalières.
Avant de prendre une position définitive, elle indique qu’une analyse plus approfondie est nécessaire. Selon elle, un colloque est prévu pour octobre prochain, où tous les acteurs seront associés pour discuter de cette thématique. "J'espère arriver avec des propositions concrètes", précise Marion Paradas, tout en exprimant l’espoir que les assureurs puissent aussi participer à cette réunion.
La Suisse est effectivement très attractive sur le plan du marché du travail.
En France, la pénurie du personnel médical, exacerbée par l’importation de personnel par la Suisse, est une source de préoccupation. Marion Paradas confirme cette situation. En partie, elle l'attribue à l’attractivité du marché du travail suisse, où les différences de salaire attirent non seulement le personnel de santé, mais aussi d’autres travailleurs.
"La Suisse ne crée pas des déserts médicaux en France, mais elle peut aggraver certaines situations dans les régions frontalières", souligne Marion Paradas.
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Concernant les solutions, elle mentionne que des discussions sont en cours depuis environ un an. Elle reconnaît la complexité du sujet et admet qu’il n’y a pas de solution miracle. Cependant, elle souligne la nécessité de travailler pour trouver des pistes qui permettent d’atténuer les craintes et les difficultés.
Nous devons trouver des pistes pour permettre (...) à chacun d'accéder aux soins et vivre aussi agréablement que possible.
Elle souligne également que le cœur du problème réside dans la gouvernance des régions transfrontalières, où un seul bassin de vie de population est partagé entre deux pays, deux systèmes et deux réalités.
Face à un sentiment d’un éternel recommencement, où chaque dossier nécessite de nouvelles réflexions pour trouver des solutions, elle explique qu'il n'existe pas de solution miracle pour la gouvernance de ces deux régions transfrontalières.
Pour trouver des solutions, chaque dossier nécessite donc une réflexion approfondie. Marion Paradas souligne l’importance de travailler sur divers sujets tels que les transports, le logement et la santé. Elle insiste sur la nécessité d’une approche intégrée et d’un travail collaboratif: "Des accords européens entre la Suisse et l'Union européenne, peuvent aussi permettre de trouver des pistes de solutions", précise-t-elle.
Propos recueillis: Pietro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares