A Fesches-le-Châtel, dans le Doubs français, non loin du canton du Jura, la ligne de production des poêles en inox de l'usine de Cristel tourne à plein régime.
"Depuis que la loi sur les PFAS est passée à l'Assemblée nationale, il y a une véritable inquiétude du marché sur le culinaire. On sent que la demande a explosé sur les produits en inox", explique Damien Dodane, directeur général délégué de Cristel, lundi dans le 19h30 de la RTS. Ce fabricant français vend à la fois de l'inox et de l'anti-adhésif. Jusqu’à récemment les deux matériaux étaient vendus à parts égales. Aujourd’hui, l'inox représente plus de 70% de ventes.
Bien que cette loi n'inclue pas les ustensiles de cuisine, l'incertitude entourant ces "polluants éternels" pousse de nombreux Français à délaisser leurs poêles antiadhésives.
Le point de vue suisse
En Suisse, on ne décèle pas encore de signes de désintérêt. Tobias Gerfin, directeur de la marque helvétique Kuhn Rikon, affirme qu'aucune poêle spécifique ne peut être considérée comme plus dangereuse pour la santé. "Beaucoup de tests ont été effectués, notamment en France, pour détecter des composants dangereux dans les poêles, mais on n'en trouve plus", déclare-t-il. Aujourd'hui, les revêtements anti-adhésifs sont faits avec du polytétrafluoroéthylène (PTFE). Les fabricants assurent que ce composant, qui fait partie de la famille des PFAS, n'est pas dangereux.
Pour Nancy Hopf, professeure associée et responsable du Secteur sciences de l'exposition à Unisanté, il est impossible d'assurer que les PTFE sont inoffensifs. Ce produit synthétique contient plus de 6000 substances différentes, qui n'ont pas toutes été testées. Dans le doute, la scientifique conseille d'appliquer un principe de précaution. "Si vous avez deux casseroles chez vous, une antiadhésive et une autre sans ce revêtement, je vous recommande d'utiliser celle sans revêtement. (...) Car on ne sait pas où se trouvent les PFAS", ajoute-t-elle.
L’art de cuisiner avec l’inox
En changeant de matières, les habitudes doivent aussi évoluer. Le choix de sa poêle à frire est donc une décision loin d'être insignifiante.
Dans la pratique, l’utilisation de l'inox peut parfois être délicate. Gaël Brandy, chef de cuisine et formateur à GastroVaud, explique que l'erreur courante est de vouloir retourner rapidement l'aliment pour "vérifier ce qui se passe en dessous". "Il est essentiel de cuisiner à une température relativement élevée, d'ajouter de la matière grasse et de laisser l'aliment se détacher naturellement de la poêle, permettant ainsi aux sucs de bien se décoller", recommande-t-il.
Sujet TV: Léandre Duggan
Adaptation web: Miroslav Mares