La Suisse va vivre à crédit sur le plan de l'énergie à partir de jeudi
La Suisse importe environ 70% de son énergie. Si on ne comptait que sur les sources locales, celles-ci ne suffiraient à couvrir la consommation du pays que jusqu'à mercredi, selon des calculs de la Fondation suisse de l'Energie (SES).
Les sources suisses n’auront suffi à être autonome que jusqu’au 17 avril. On appelle cette date la "journée de l'indépendance énergétique".
Dit autrement, notre pays affiche un taux d’indépendance d’un peu moins de 30% (lire encadré). On entend ici les énergies renouvelables, le biogaz ou encore l’hydraulique, mais pas le nucléaire ou le pétrole, puisque ces combustibles sont importés.
Aux yeux de la SES, il s'agit d'un signal inquiétant: "Nous sommes dans un contexte de crise climatique et de nécessité de notre indépendance des énergies fossiles", a déclaré mardi dans le 19h30 Isabelle Pasquier-Eichenberger, collaboratrice de la SES et ex-conseillère nationale verte genevoise. "Mais c'est plus que ça: toute la société et l'économie peuvent être mises en péril si on n'a pas les capacités de production interne", souligne-t-elle.
Produire au niveau national
En Valais, les producteurs d’énergies affirment que la Suisse doit passer à la vitesse supérieure. "Le GIEC nous dit qu'il faut passer aux énergies renouvelables, cesser de consommer les énergies fossiles en 2050", note Stéphane Maret, le directeur des Forces motrices valaisannes.
"L'Office fédéral de l'énergie et l'EPFL nous disent que c'est possible et que nous en avons la capacité chez nous. Avec cela, on passe de l'énergie fossile au renouvelable. Et en produisant de l'énergie renouvelable en Suisse, nous sommes indépendants du point de vue de cette denrée absolument nécessaire pour notre économie", développe-t-il.
La loi sur l'énergie bientôt en votation
Un oui à la loi sur l’énergie le 9 juin pourrait changer la donne. Le texte vise à augmenter la production d’électricité indigène issue des diverses sources d’énergies renouvelables, afin de réduire la dépendance envers l'étranger. "Grâce à la loi sur le climat, on gagne déjà à peu près 30 jours avec l'électrification. Avec la loi sur l'énergie, on peut gagner plus de 100 jours d'autonomie", soutient Isabelle Pasquier-Eichenberger.
Bien que soutenue par des parlementaires de gauche et de droite, des organisations économiques et environnementales, cette loi sur l'énergie a aussi ses détracteurs. Des défenseurs de la nature, la Fondation Franz Weber et le Comité Nature, ont lancé mardi leur campagne contre le texte, estimant que le tournant énergétique ne doit pas se faire au détriment de la nature et du paysage. Selon eux, il faut plutôt miser sur les économies d'énergie et sur le potentiel photovoltaïque des bâtiments existants.
>> Sur ce sujet : Des défenseurs de la nature contre la loi sur l'électricité
Sujet TV: Thierry Clémence
Texte web: Antoine Michel avec ats
Publié
La Suisse en bas du classement
Par rapport aux pays de l'Union européenne, la Suisse se situe plutôt dans le bas du tableau s'agissant de l'indépendance énergétique. Son taux est de 29,5%, d'après Eurostat, alors que l'Allemagne est par exemple à 32,7%. A Berlin, la "journée de l'indépendance énergétique" tombe donc le 29 avril.
Tout en haut du tableau se trouve l'Estonie, avec 93,8%. Seuls des pays de l'est et du nord suivent, au-dessus de 50%. La France vient ensuite, à 48,2%, alors que derrière la Suisse on trouve notamment la Belgique (26,1%), l'Espagne (25,7%), l'Autriche (25,5%), l'Italie (20,6%), et, en dessous de 10% le Luxembourg et Chypre, ou même Malte, à 1%.