La Thurgovie et Novartis vont dédommager d'anciennes victimes d'essais cliniques non autorisés
La Thurgovie a pu conclure un accord avec Novartis pour une participation aux coûts de ces "contributions de solidarité", à hauteur de quatre millions de francs, indique le Conseil d'Etat vendredi dans un communiqué.
Entre 1940 et 1980, des médicaments non autorisés ont été administrés à des patients dans la clinique psychiatrique de Münsterlingen sans leur consentement. Les bénéficiaires toucheront 25'000 francs. Sur la base des cas connus à ce jour, le canton estime le nombre de demandes possibles à 500, pour un coût total de 12,5 millions.
Une responsabilité morale de la pharma
Le médecin principalement responsable de ces essais était le psychiatre et directeur de clinique Roland Kuhn, décédé en 2005, qui a notamment participé au développement du premier antidépresseur. L'industrie pharmaceutique bâloise avait alors profité des essais sur ces "cobayes".
En 2021, un rapport commandé par le canton avait révélé l'énormité du scandale. Et Novartis est considérée comme l'héritière des entreprises impliquées à l'époque.
L'industrie pharmaceutique partage donc une responsabilité morale dans cette affaire, estime le canton, qui attend donc une "participation substantielle" de sa part aux indemnisations.
Un canton pionnier
"De nombreuses personnes concernées ont subi des souffrances psychiques et physiques suivies de conséquences sociales négatives en raison de ces tests de médicaments", écrit le Conseil d'Etat thurgovien.
Le canton de Thurgovie fait oeuvre de pionnier en Suisse en matière d'indemnisation de victimes de tests de médicaments effectués à l'époque. Les versements de contributions de solidarité seront régis par une nouvelle loi cantonale qui devrait entrer en vigueur en 2025. Elle sera limitée à 2033. Le Parlement cantonal doit encore se prononcer.
ats/jop