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La vanlife séduit la classe moyenne suisse

Van trip
Van trip / basik / 27 min. / le 13 mai 2024
Depuis le Covid, le nombre de vans a explosé sur les routes suisses, avec un business à la clef pour les vendeurs et les communes. L'esprit vanlife séduit toujours plus la classe moyenne qui dispose de plusieurs solutions pour en profiter, sans nécessairement payer seul l'entier de la facture.

Comme chaque week-end, Nicole, Yannick et leur fille de trois ans se préparent à une virée en van. Le couple n'a pas hésité à dépenser 62'000 francs pour acheter un véhicule assez grand pour toute la famille. Mais cette mise de départ conséquente est ensuite compensée par des frais de voyage plutôt modestes: 50 francs par jour à trois, nourriture et essence comprises.

"On prend l'autoroute, on sort au hasard et on va se poser, dormir à gauche à droite. On ne sait pas où on ira juste après. C'est extraordinaire", s'enthousiasme Nicole mardi dans l'émission Basik.

On prend l'autoroute, on sort au hasard et on va dormir à gauche à droite, sans savoir où on ira juste après. C'est extraordinaire

Nicole, mère de famille qui part chaque week-end en van

>> Regarder aussi le sujet d'A Bon Entendeur sur le mode d'emploi pour des vacances en van réussies :

Vanlife : mode d’emploi pour des vacances réussies
Vanlife : mode d’emploi pour des vacances réussies / A bon entendeur / 32 min. / le 7 juin 2022

Un vrai business

Aujourd'hui, la vanlife, cet idéal de voyage spontané et proche de la nature, n'est plus réservée à quelques esprits aventureux. Elle séduit de nombreux actifs de la classe moyenne et elle est aussi devenue un vrai business.

Bantam, le numéro un du véhicule de loisirs en Suisse, écoule plusieurs centaines de vans chaque année. Depuis le Covid, ses ventes ont bondi de 20%.

On propose tout le confort d'un camping-car dans le format van

Dan Wankmüller, directeur général de Bantam

Le modèle le plus populaire coûte 63'000 francs. Pour ce prix, il est équipé d'un lit double, d'une salle de bain avec douche et WC, d'un espace cuisine offrant des plaques à gaz et un frigo et même d'un petit salon pour quatre personnes.

"On sent que les gens recherchent toujours une certaine indépendance, une liberté, une soif d'aventure, mais ils ne veulent plus tirer un trait sur le confort comme à l'époque. On a donc tout le confort d'un camping-car, mais dans le format van", précise le directeur général de Bantam Dan Wankmüller.

Louer plutôt qu'acheter ou être copropriétaires

Pour pouvoir se payer le van de leurs rêves, certains le proposent en location pendant les périodes où ils ne l'utilisent pas eux-mêmes. D'autres tentent l'expérience de la copropriété. C'est la formule originale imaginée par Van-it-up, une petite entreprise de location de vans.

Selon sa fondatrice Pauline Musy, la copropriété a tout pour séduire. "Les prix des véhicules neufs sont extrêmement élevés, sans compter ensuite l'entretien. On s'est donc dit que cela pourrait être intéressant de diviser les frais. Ce sont des modes qui existent déjà avec les appartements de vacances ou les chalets, donc pourquoi pas avec des vans?"

L'avantage de voyager en van est de pouvoir s'arrêter où bon nous semble, de rester le temps voulu et de repartir pour de nouvelles aventures. [Unsplash - Tobias Tullius]
L'avantage de voyager en van est de pouvoir s'arrêter où bon nous semble, de rester le temps voulu et de repartir pour de nouvelles aventures. [Unsplash - Tobias Tullius]

Des problèmes pour les communes

A partir de 2020, le Covid et ses restrictions sanitaires ont mené à une augmentation spectaculaire du tourisme en van. Cette arrivée massive de visiteurs d'un genre particulier a causé des problèmes aux communes censées les accueillir. "On a vu du camping sauvage, du parcage sur certaines zones interdites, des conflits d'usage avec les populations locales et parfois même des vidanges sauvages", précise Cédric Paillard, directeur de Vallée de Joux Tourisme. Dans de nombreuses communes suisses, des panneaux d'interdiction ont fleuri un peu partout.

Le Parc naturel régional Jura Vaudois, qui inclut les trois communes de la Vallée de Joux, a tenté une autre approche. Il a lancé en 2022 une étude sur le caravaning. Le but: mieux canaliser le phénomène, en misant sur une collaboration avec les propriétaires de vans.

La Vallée de Joux a aussi investi dans des infrastructures. Elle a créé 150 places de parc supplémentaires à un tarif modique. Pour huit francs par adulte, taxe de séjour comprise, on peut passer la nuit dans des paysages de carte postale comme la forêt du Risoud ou les rives du lac de Joux. Il y a aussi une borne de vidange, mise gratuitement à disposition toute l'année, qui permet de déverser ses eaux usées en respectant l'environnement.

"Ce ne sont pas les huit francs encaissés par nuitée qui vont permettre aux communes de couvrir tous ces coûts", explique Cédric Paillard. "Mais cela finance en tout cas une partie des investissements."

Des retombées économiques

Et puis les adeptes de la vanlife sont aussi des touristes qui dépensent. "Cela reste relativement modeste par rapport à des personnes qui séjourneraient en hôtel ou en appartement de vacances. Mais ce sont quand même des gens qui vont à la piscine ou à la boulangerie le matin pour acheter leurs croissants. Cela génère donc tout de même un petit revenu économique pour la région", indique encore Cédric Paillard.

Une preuve que la vanlife peut être un mode de vacances gagnant-gagnant, pour ceux qui l'accueillent comme pour ceux qui le pratiquent. A condition que chacun y mette du sien.

>> Pour aller plus loin, lire aussi : Les chiffres du boom des camping-cars en Suisse sont impressionnants

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Alain Orange/juma

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