Laurence Cretegny: "Bétonner des terres agricoles pour les autoroutes fait peur, mais c'est nécessaire"
L'unique projet romand concerne l'A1 entre l'échangeur du Vengeron et la jonction de Nyon. Le tronçon doit être élargi à deux fois trois voies, au détriment des terres cultivables. Coût de ce projet en particulier: près d'un milliard de francs, puisés dans le fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA).
Un projet "démesuré" pour l'alliance à l'origine du référendum, alors que le TCS, lui, le juge "impératif", en raison de nombreux gains: fluidification du trafic, réduction des embouteillages et du nombre d'accidents et diminution du trafic d'évitement dans les localités voisines. Le texte est également soutenu par les organisations paysannes Prométerrre et l'Union suisse des paysans.
Invitée dans la Matinale de la RTS, la présidente du TCS Vaud Laurence Cretegny convient que "bétonner des terres agricoles au profit de la voiture fait toujours un peu mal". Cependant, pour elle, c'est une pesée d'intérêts. Les autoroutes permettent de transporter les produits agricoles et "sont donc essentielles", explique celle qui est également paysanne professionnelle et membre du Grand Conseil vaudois.
Alléger le trafic urbain
Le projet est compatible avec les enjeux climatiques actuels, relève Laurence Cretegny. "Il faut se projeter dans l'avenir et pour cet avenir, nous devons réaliser des nouveaux axes ferroviaires, mais aussi adapter nos infrastructures autoroutières", ajoute-t-elle. Pour la députée PLR, le budget de 4,9 milliards de francs ne signifie pas "voir gros". Et d'ajouter: "Dans les prochaines années, ce sont 28 milliards pour les voies CFF, où est-ce que l'on voit gros?"
Ce projet permettra également d'alléger le trafic dans les villes, explique-t-elle. "Cette troisième voie [entre Le Vengeron et Nyon, ndlr] amènera à un parking relais", les citoyens et citoyennes pourront alors prendre les transports publics pour se rendre en ville et au travail. Ce qui est compatible avec la diminution du trafic motorisé, selon l'élue vaudoise.
Le trafic secondaire sera redirigé sur des voies autoroutières
Selon le premier sondage de la SSR, le projet d'élargissement des autoroutes séduit une petite majorité (52%) de la population. La Suisse romande est moins convaincue avec 48% de oui pour le moment. Mais pour la présidente du TCS Vaud, le projet d'élargissement constitue un premier pas, il faut "commencer quelque part pour construire la suite", par exemple la finalisation de l'autoroute en Valais ou la réalisation de l'échangeur de Crisser.
"On ne peut pas garantir qu'il n'y aura plus jamais de bouchons", note encore Laurence Cretegny. L'important est de mettre en place un projet qui durera dans le temps, un "projet d'avenir", souligne-t-elle. "Dans vingt ou trente ans, aurons-nous réussi à diminuer une partie de notre transport individuel motorisé et utiliser ainsi la troisième voie pour du covoiturage?", se demande-t-elle.
L'agriculture a encore sa place sur l'Arc lémanique
Il n'y aura pas davantage de voitures sur la route, relève encore la présidente du TCS Vaud, mais le trafic secondaire, sur les routes des localités, sera redirigé sur des voies autoroutières. Laurence Cretegny explique que c'est une volonté d'apporter plus de sécurité dans les villages, pour les piétons et les vélos.
"Il faut laisser de la place à l'agriculture"
Cette troisième voie permettra également d'améliorer le quotidien des campagnes, affirme la politicienne. Elle rappelle que les voies secondaires sont utilisées dès qu'un accident ou des ralentissements sont constatés sur l'autoroute, ce qui entrave le travail des agriculteurs.
Laurence Cretegny souligne enfin: "L'agriculture a encore sa place sur l'Arc lémanique", malgré la construction des routes, des logements et des infrastructures. Pour l'agricultrice, le lien entre ville et campagne est essentiel, il s'agit alors de faire des compromis. "Il faut laisser de la place à l'agriculture, comme l'agriculture en a laissé aux constructions et aux routes."
>> Lire aussi l'opinion de la socialiste Brenda Tuosto, dans le camp du non : L'extension des autoroutes est "en concurrence avec le développement des transports publics"
Vendredi, la conseillère nationale vaudoise socialiste Brenda Tuosto sera dans La Matinale pour exposer son avis sur la question.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Lucie Ostorero