La coopération internationale est un secteur qui a déjà bien été secoué depuis l'arrivée du conseiller fédéral Ignazio Cassis à la tête des Affaires étrangères. A son arrivée en 2017, 46 pays faisaient partie des pays "prioritaires". Aujourd'hui, il en reste 34.
La majorité des fonds de la coopération bilatérale sont déployés dans ces pays prioritaires, avec notamment des programmes pour un meilleur accès à l'éducation ou à la santé. Cette diminution s'explique principalement avec le retrait en 2021 des pays d'Amérique latine. Le but était alors de se concentrer sur des régions prioritaires en Afrique ou en Asie.
Mais si le Parlement venait à acter cette coupe de deux milliards de francs, six à huit autres pays prioritaires pourraient être retirés de la liste. L'aide à de grandes ONG suisses pourrait aussi être impactée, indique à la RTS le Département des affaires étrangères, qui souligne qu'il s'agit de prévisions encore hypothétiques.
L'Ukraine en priorité
Une baisse du budget est de toute façon déjà prévue. Comme tous les autres budgets de la Confédération, ce secteur n'échappe pas à des coupes linéaires liées aux effets de l'inflation.
Certains pays vont voir leur aide particulièrement diminuer. Dès l'année prochaine, 13% du budget de la coopération internationale sera dédié à la reconstruction de l'Ukraine. Selon l'ONG Alliance Sud, ça représente plus d'argent que pour tous les programmes en Afrique subsaharienne, qui vont être impactés. Le Parlement doit aussi se prononcer sur cette décision à la rentrée.
Ce cap pris par Ignazio Cassis peut s'expliquer par la proximité géographique avec l'Ukraine et les aspects de sécurité pour la Suisse. Sous l'ère Cassis, la coopération internationale s'est en effet dotée de nouveaux critères: l'aide doit être plus ciblée, plus efficace, et surtout, elle doit servir "les intérêts de la Suisse".
Soutien de la droite, critiques de la gauche
Laurent Wehrli, conseiller national PLR vaudois, estime dans La Matinale de la RTS que le contexte financier impose de faire des choix. "Il y a des éléments qui devront être révisés. Est-ce pour autant un drame de diminuer ou réorienter l'aide à des pays qui ont été aidés pendant vingt ans? C'est une question qui est ouverte."
Il poursuit: "Personnellement, je pense qu'on ne peut pas juste dire 'parce qu'on a aidé depuis vingt ans, on doit continuer d'aider pendant encore vingt ans'. On doit être attentif à l'efficience, à l'efficacité de l'aide humanitaire, comme toute politique."
Pour le conseiller national Nicolas Walder (Verts/GE), il serait au contraire grave de diminuer encore les moyens accordés à la coopération internationale. "J'en appelle à la responsabilité de la droite, qui j'espère sait qu'on ne peut pas seulement promouvoir l'économie, qu'il faut une certaine solidarité internationale."
Plusieurs observateurs du dossier décrivent un Ignazio Cassis peu enclin à défendre le budget de la coopération internationale, qui pourrait bien être un des secteurs le plus touché par des coupes budgétaires. Les débats seront vifs dès la rentrée prochaine en automne à Berne.
Gabriela Cabré/asch