Le casse-tête de la recherche d'emploi pour les personnes divorcées de plus de 55 ans

Les étrangers et les personnes de plus de 55 ans sont les plus lésés par la justice lors d’un divorce
Les étrangers et les personnes de plus de 55 ans sont les plus lésés par la justice lors d’un divorce / 19h30 / 3 min. / le 27 novembre 2024
Lors d'un divorce, la justice estime la capacité de chacun ou chacune à retrouver un travail pour subvenir à ses propres besoins. Il s'agit du "revenu hypothétique", une politique qui fragilise parfois les personnes de plus de 55 ans.

Le revenu hypothétique est une sorte de calculateur de salaire qui évalue la capacité de travail d'un individu en prenant en compte l'âge, l’état de santé, la formation ou encore l’expérience professionnelle.

"Il s'agit du revenu qu'une personne doit pouvoir obtenir en exploitant au mieux sa capacité lucrative maximale", explique dans le 19h30 de la RTS l'avocate spécialisée en droit du divorce Anne Reiser: "En Suisse, on est censé pouvoir assurer sa propre autonomie et ne pas dépendre de l'autre".

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Recherche d'emploi difficile

Trouver un emploi peut toutefois s'avérer difficile pour les personnes de plus de 55 ans ou de nationalité étrangère. En Suisse, le chômage touche 6,5% des étrangers contre un peu plus de 3% des personnes de nationalité suisse.

"J'essaie de trouver du travail", assure Lina. Cette expatriée récemment divorcée a choisi la vie de mère au foyer il y a plusieurs années. Son dernier travaille remonte à 2008. Malgré tout, elle s'est vue contrainte, par décision du juge, de trouver un travail à temps plein, pour un revenu net mensuel d'au moins 5000 francs.

"Je postule à de nombreuses annonces, mais je ne parviens même pas à décrocher d’entretiens, parce que je n’ai jamais travaillé en Suisse et je n'ai pas travaillé depuis très longtemps", poursuit-elle. Inquiète, elle ne percevra bientôt plus d'aides de son époux.

Réalité du marché ignorée

Cette situation touche aussi les hommes. Kaveh, 61 ans, sans emploi au moment de son divorce, ne reçoit aucune aide financière. "Je m’attendais à une juste allocation financière, mais la cour s'est clairement prononcée contre", témoigne-t-il.

Malgré une grande expérience professionnelle, il lui est impossible, selon, lui de retrouver un travail à temps plein. "Entre 57 et 60 ans, la plupart des entreprises ne sont pas intéressées par les profils comme moi", regrette cet expatrié vivant à Genève. Selon lui, la justice ne prend pas suffisamment en compte la réalité du marché de l'emploi.

"A partir de 50 ans, le marché est très difficile pour les personnes qui sont sans emploi. Que vous soyez étranger ou pas, vous êtes logé à la même enseigne", confirme Anne Reiser. Selon l'avocate, des mesures d’accompagnement manquent pour aider les personnes en difficulté.

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"Tout le monde peut y arriver"

La Fondation IPT, spécialisée dans la réinsertion professionnelle, se montre plus positive. Si l'âge, l'inactivité et la langue représentent un frein, ils ne sont toutefois pas rédhibitoires. "Tout le monde peut y arriver", affirme Lucile Alexandre, la directrice de la Fondation IPT.

"Il faut se faire aider, il faut pouvoir être accompagné, pour pouvoir refaire un CV qui soit aux standards suisses", poursuit-elle. "On sait que les entreprises recherchent des personnalités, des soft skills et ça, les soft skills, on les a tout le temps qu'on ait travaillé ou pas".

Claire Eckersley/edel

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