"Ce qui est important, c'est que la Suisse continue d'être le partenaire qu'elle a été jusqu'à maintenant", a dit le Neuchâtelois à la presse suisse en sortant d'une heure de discussion à Genève avec la commission de politique extérieure du Conseil national (CPE-N). "C'est un partenariat de plusieurs décennies".
Le président de la commission Laurent Wehrli (PLR/VD) s'est dit de son côté satisfait. "L'objectif était de permettre de se parler directement, sans filtre" et "il a été atteint", a-t-il dit. "Rien n'a été oublié", ajoute-t-il, affirmant que les positions politiques ne changeront peut-être pas, mais "elles seront établies sur des indications plus précises".
Depuis lundi, les membres de la CPE-N ont aussi auditionné le conseiller fédéral Ignazio Cassis et la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric. Ils estiment "indispensable" le rôle de cette organisation dans la crise actuelle dans la région.
Rapport final prévu en avril
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'a pas encore payé sa contribution annuelle de 20 millions de francs à l'UNRWA, après les accusations selon lesquelles 12 employés de l'agence onusienne auraient été associés au massacre du 7 octobre. Il attend le rapport final sur la revue de la gouvernance de l'UNRWA, prévu pour le 20 avril.
Une investigation a aussi été lancée sur les accusations contre les employés qui seraient membres du Hamas et devrait également décider d'une relance ou non des paiements suisses. Le commissaire général de l'UNRWA a expliqué ces dispositifs aux membres de la CPE-N.
Plusieurs parlementaires disent attendre les résultats. La CPE-N n'a d'ailleurs pas prévu de vote, ni de recommandation après son audition de mardi. Le Conseil fédéral fera ensuite une proposition qui sera mise en consultation auprès des commissions de politique extérieure du Conseil national et du Conseil des Etats.
Face à l'urgence humanitaire, Laurent Wehrli estime que le Conseil fédéral pourrait avancer en deux étapes, surtout si le rapport sur l'UNRWA prend du retard. Le gouvernement "pourrait venir avec une proposition d'aide d'urgence à Gaza dès avril", dit-il. Les questions liées au financement de l'éducation des Palestiniens par l'UNRWA dans plusieurs pays pourraient être réglées ensuite, selon lui.
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Financement jusqu'en mai
"Nous n'en savons pas beaucoup plus" sur les accusations israéliennes, déplore Philippe Lazzarini. Il dit avoir expliqué aussi aux parlementaires les "raisons de certaines campagnes de dénigrement" actuelles contre son agence, "qui ne sont pas forcément liées à la présence à Gaza". Et il a rappelé que certaines activités de l'UNRWA, parce qu'elles mettent en avant les droits humains, sont vues par le Hamas comme une "menace".
Selon le commissaire général, "la situation aujourd'hui est moins dramatique" qu'il y a un mois pour l'agence. "Mais on fonctionne toujours d'un mois à l'autre" et "nous avons un financement jusqu'à la fin du mois de mai", dit-il. Les salaires des dizaines de milliers de collaborateurs pourront être payés en mars et en avril.
Aucune aide américaine pendant un an au moins
La Commission européenne a débloqué son assistance, tout comme les pays nordiques, le Canada ou l'Australie. Des pays européens ont même augmenté leur contribution face aux difficultés de l'agence. Des Etats du Golfe soutiennent également l'UNRWA.
Problème, le principal donateur, les Etats-Unis, ont eux gelé toute aide jusqu'en mars 2025. Tout en appelant les autres à faire des efforts pour permettre à l'agence onusienne de poursuivre ses activités. "On va devoir mobiliser encore plus de pays" pour compenser cette perte qui fait peser une menace "existentielle" sur l'UNRWA, admet le Neuchâtelois.
Philippe Lazzarini s'est vu refuser il y a quelques jours l'accès à la bande de Gaza, sans recevoir d'explications de l'Etat hébreu. Et Israël n'autorise désormais plus à l'UNRWA de distribuer une assistance dans le nord du territoire. "Nous verrons avec nos partenaires sur place" comment s'adapter à cette situation, alors que des dizaines de milliers de personnes ont encore besoin d'assistance dans cette partie de la bande de Gaza.
ats/lan