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Le comité du référendum contre l’élargissement de l’autoroute A1 lance sa campagne

L'autoroute A1 pourrait être élargie à 6 voies en Lausanne et Genève. (image d'illustration) [Keystone]
La campagne contre l'élargissement de l'autoroute A1 a débuté ce mercredi / Le 12h30 / 1 min. / le 14 août 2024
Le peuple se prononcera le 24 novembre sur 6 projets d’élargissement autoroutiers, dont le passage à trois voies dans les deux sens entre Genève et Lausanne. Cet élargissement est nocif, selon un comité d'associations environnementales lémaniques.

Le comité contre l’élargissement de l’autoroute A1 a lancé ce matin sa campagne pour tenter de contrecarrer le projet de la Confédération. Au mois de juin, le patronat lémanique avait déjà lancé sa campagne, arguant que l'extension serait une priorité pour l'économie de la région. D'après le comité référendaire, l’élargissement des autoroutes est nocif et il s'oppose à l'extension du tronçon Nyon (VD) - Vengeron (GE). Aberration écologique, ce projet va entraîner une croissance du trafic, déplore-t-il.

L'A1 élargie sera à nouveau saturée en dix ans et le trafic dans les localités va augmenter, a averti mercredi la coalition composée de l'Association transports et environnement (ATE), actif-trafiC, Pro Vélo, le WWF, Uniterre, Ag!ssons, les Grands-parents pour le climat, Pro Natura, Birdlife, l'Alliance climatique et l'Association Climat Genève.

>> La campagne en faveur d'autoroutes plus larges : Les milieux économiques lancent leur campagne en faveur d'autoroutes plus larges

"Elargir les routes ne résout pas les bouchons"

"C'est une réalité documentée d'innombrables fois dans le monde par des expériences concrètes et des dizaines d'études: élargir les routes ne résout pas les bouchons", a déclaré Thibault Schneeberger de l'association actif-trafiC, cité dans un communiqué. Au contraire: toute extension de la capacité d'une route amène de nouveaux automobilistes à utiliser l'infrastructure.

Un trafic dit "induit" génère rapidement une nouvelle situation de saturation. En 10 ans, le nombre de véhicules quotidiens devrait ainsi passer de 90'000 à 130'000: "un trafic supplémentaire qui tentera de se déverser dans les villes et les villages alentour, nuisant à la qualité de vie des habitants", a-t-il déploré. Selon l'Office fédéral des routes (Ofrou), douze ans après la mise en service, 44'000 véhicules supplémentaires par jour pourraient emprunter l'échangeur du Vengeron à Genève, 8800 de plus la jonction Coppet et 7000 celle de Nyon, a-t-il illustré.

Un projet à plus de 5 milliards de francs

Le comité a également dénoncé un projet coûteux, l'ensemble se montant à plus de 5 milliards de francs. Et de rappeler que ces milliards prévus pour les autoroutes seraient mieux investis dans les mobilités durables. En outre, ce projet mettrait en péril d'un point de vue technique et financier une nouvelle voie ferroviaire entre Genève et Lausanne. La topographie et la densité du bâti sur la Côte sont telles qu'il manquerait de place pour réaliser cette infrastructure une fois l'A1 agrandie, a fait valoir Caroline Marti, présidente de la section genevoise de l'ATE.

Pour la coalition, l'extension des autoroutes est aussi une aberration écologique. A l'heure où la Suisse est une mauvaise élève vis-à-vis de ses engagements climatiques internationaux, bétonner davantage le territoire et favoriser le transport individuel fonctionnant aux énergies fossiles est inadmissible, a ajouté Jean-Pascal Gillig, responsable de section du WWF Genève. Chaque nouvelle route contribue à l'effondrement du vivant. Le niveau sonore et la mauvaise qualité de l'air a aussi un impact direct sur la qualité de vie des habitants.

>> Débat entre Philippe Fleury et Thibault Schneeberger :

Autoroutes à six voies, est-ce une bonne solution? Débat entre Philippe Fleury et Thibault Schneeberger
Autoroutes à six voies, est-ce une bonne solution? Débat entre Philippe Fleury et Thibault Schneeberger / Forum / 10 min. / le 17 juin 2024

Des extensions "contraires à la science et à l'action climatique"

La loi sur le climat votée en 2023 prévoit moins 57% d'émissions dans le secteur des transports d'ici 2040, puis moins 100% d'ici 2050. "Elargir les autoroutes est totalement contraire à ces objectifs", a résumé Thibault Schneeberger. Pour Julia Steinberger, professeure d'économie écologique à l'UNIL, ces extensions autoroutières sont "contraires à la science et à l'action climatique".

“Il faut rappeler que le projet de 3e voie autoroutière entre Nyon et Le Vengeron a été sorti du chapeau au tout dernier moment par Albert Rösti, en vue du référendum, afin d'éviter qu'il n'y ait que des projets suisses allemands”, a noté pour sa part David Raedler, co-président de l'ATE. Pour ce motif, ses contours demeurent encore flous.

ats/itg

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