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"Le Conseil fédéral a épuisé sa marge de manœuvre" pour aider l'industrie lourde en Suisse

L'invité de La Matinale (vidéo) - Guy Parmelin, conseiller fédéral (UDC-VD) en charge de l’économie
L'invité de La Matinale (vidéo) - Guy Parmelin, conseiller fédéral (UDC/VD) en charge de l’économie / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 18 novembre 2024
L'industrie lourde est à la peine en Suisse, comme le montrent les récents licenciements dans le secteur de l'acier. Invité lundi dans La Matinale, le conseiller fédéral en charge de l'économie Guy Parmelin estime que le gouvernement fait déjà le maximum en son pouvoir.

"Il y a des surcapacités dans le monde entier et en Europe en matière de production d'acier", indique Guy Parmelin, rappelant que Swiss Steel a annoncé des licenciements dans le monde et pas seulement en Suisse.

>> Lire sur ce sujet : L'aciériste Swiss Steel Group supprime 800 postes en Suisse et à l'étranger

En Suisse, plusieurs mesures sont déjà prises, rappelle le ministre en charge de l'économie, citant notamment la réduction de l'horaire de travail, étendue de 18 à 24 mois, ce qui permet "de casser ces creux qui sont cycliques dans ce type de production".

Une autre piste est étudiée justement par une commission du Parlement ce lundi à Berne, indique Guy Parmelin: la diminution des coûts du réseau, avec un possible rabais sur les factures d'électricité aux entreprises qui consomment beaucoup d'électricité.

Pas une importance systémique

"Quand il y a des licenciements, des secteurs qui souffrent, pour la région, pour les familles, c'est toujours pénible", souligne Guy Parmlin. Mais le secteur de l'acier ne revêt pas une importance systémique, contrairement aux entreprises électriques ou aux banques, estime le ministre en charge de l'économie.

Guy Parmelin rappelle aussi que la Suisse a vécu plusieurs vagues de restructuration dans son histoire et elle "s'en est toujours bien sortie en essayant d'anticiper ou de se réorienter dans d'autres secteurs".

Une phase délicate pour l'économie

Le secteur de l'acier n'est pas le seul touché. Il y a aussi le verre (Vetropack a fermé son site de production à Saint-Prex) et l'aluminium (Novelis, en Valais, a été fortement touché par les intempéries). Pour autant Guy Parmelin ne juge pas que la Suisse a un problème de désindustrialisation.

"La Suisse a toujours évité de vouloir maintenir à bout de bras, à coups de plusieurs dizaines ou centaines de millions de francs, des industries qui n'avaient pas d'avenir sous la forme actuelle", rappelle le conseiller fédéral.  "On est dans une de ces phases délicates", dit-il.

Quelle relance ?

"Nous avons un très petit marché intérieur. Notre salut passe par une très grande diversification, raison pour laquelle nous essayons de signer de nouveaux accords de libre-échange", explique Guy Parmelin. Il déplore "une vague de protectionnisme qu'on voit arriver, avec des mesures taxes contre taxes, des mesures de rétorsion". La Suisse "risque d'être prise dans le feu croisé de ces différentes mesures", craint Guy Parmelin.

La Suisse va-t-elle s'engager pour un accord de libre-échange avec les Etats-Unis ces prochaines années ? "Je suis prêt à refaire un état des lieux", indique le conseiller fédéral. "Mais il faut faire des discussions exploratoires, bien analyser les avantages et les risques, et surtout attendre que l'administration Trump soit en place pour voir quelles sont ses vraies priorités."

>> Lire à ce sujet : La Suisse à nouveau tentée par un accord de libre-échange avec les Etats-Unis

Interview radio: Pietro Bugnon

Adaptation web: Julie Liardet

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Un "changement de paradigme" dans la guerre en Ukraine

Guy Parmelin a également réagi à l'annonce des Etats-Unis d'autoriser l'Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée américains. "C'est un changement de paradigme", estime le conseiller fédéral en charge de l'économie lundi dans la Matinale. Il y a un risque d'escalade, selon lui, même si les "conséquences sont encore difficiles à apprécier".