Depuis plusieurs années, les médias suisses sont sous pression. Les jeunes délaissent les journaux, radios et télévisions et s'informent via les médias sociaux ou des offres en ligne. Cela entraîne également un déplacement des recettes publicitaires vers Google ou Facebook, qui ne produisent pas de contenus journalistiques propres. Toutes les rédactions ont dû réduire leurs effectifs.
Le financement des médias suisses est menacé. Le Parlement a déjà reconnu le problème et concocté un paquet d'aide de 151 millions pour soutenir la branche. Mais le peuple l'a refusé en février 2022. Depuis, plusieurs projets ont été proposés au Parlement. Katja Christ (PVL/BS) demandait un rapport sur une stratégie d'avenir pour tous les médias, indépendamment du canal de diffusion.
Actuellement, l'aide aux médias vise surtout les médias traditionnels, comme les journaux, les radios et les télévisions. Les médias en ligne n'ont droit à aucun soutien alors que leur importance croît, notamment en termes de formation de l’opinion.
Dans son rapport, le Conseil fédéral présente plusieurs modèles pour une aide indépendante du canal de diffusion. L'objectif est de maintenir la qualité des contributions journalistiques et la diversité des médias et de réduire leur concentration. La liberté de la presse doit être assurée.
Une aide bénéfique à tous
A court terme, le Conseil fédéral propose des mesures d'aide générales en faveur de tous les médias électroniques. Elles bénéficient aux agences de presse, à la formation, au Conseil suisse de la presse ainsi qu'au développement numérique de l'offre en ligne et peuvent être rapidement mises en oeuvre. Elles visent à améliorer les conditions générales de l'ensemble de la branche.
Aujourd'hui, l'agence Keystone-ATS bénéficie d'une aide de 4 millions par an tirés de la redevance radio-TV. Elle offre aux médias régionaux et locaux un service de base pour la couverture de l’actualité nationale et internationale, leur permettant ainsi de se concentrer sur leur activité principale, à savoir la couverture d’événements régionaux et locaux.
Elle est toutefois confrontée à plusieurs problèmes, note le Conseil fédéral. Elle a perdu l’avantage technique de la diffusion rapide de l’information. Et elle subit les conséquences de la situation financière difficile des organisations de médias. La situation ne va pas s'améliorer.
Une extension générale de l’aide à tous les médias électroniques permettrait d’élargir le cercle des médias bénéficiant des services de l'agence aussi aux médias en ligne. La position de celle-ci dans le paysage suisse des médias serait aussi renforcée.
De telles mesures n'avaient pas été contestées au Parlement. Elles répondent également à une initiative parlementaire d'Isabelle Chassot (Centre/FR). Elles pourraient être financées par la redevance radio-TV, mais au détriment des bénéficiaires actuels.
Médias électroniques
Le Conseil fédéral propose également d'introduire une nouvelle aide pour tous les médias électroniques. Le montant pourrait être déterminé selon le nombre de journalistes ou le chiffre d'affaires.
Les petits médias seraient privilégiés. Et cette option permet d'accompagner la transformation numérique de la presse écrite. Les offres en ligne pourraient également en profiter.
Cette nouvelle aide pourrait remplacer immédiatement ou de manière échelonnée les rabais sur la distribution pour la presse locale et régionale (30 millions par année). Elle pourrait également être introduite en parallèle du rabais en attendant une évaluation. Cette option ne nécessite pas de modification de la Constitution.
Une nouvelle loi à long terme
Une autre option serait une nouvelle loi sur les médias. Les radios et les télévisions qui n'ont pas de mandat de prestations pourraient obtenir une aide financière, tout comme les maisons d'édition ou éditeurs indépendants. Une option "non prioritaire", selon le gouvernement.
Le Conseil fédéral rappelle dans son rapport qu'il n'a pas la possibilité d'introduire des instruments d'aide supplémentaires. Les bases légales doivent être créées par le Parlement.
ats/jfe
Le Conseil d’Etat fribourgeois va soutenir les médias régionaux
Le Conseil d’Etat fribourgeois veut soutenir temporairement et ponctuellement les médias régionaux, en attendant de nouvelles solutions sur le plan fédéral. Les mesures visent à accroître leur capacité d’investissement dans le contexte de la transition numérique.
Le canton envisage de consacrer 1,8 million de francs pour le soutien aux investissements à la transition numérique, a indiqué mercredi le Conseil d'Etat. "Que ce soit l’innovation technologique ou la création de nouveaux formats de contenus, ils constituent un enjeu central et transversal pour les médias", précise le communiqué.
Fort de ce constat, l’Etat soutiendra les projets de numérisation des médias régionaux fribourgeois durant une période limitée de quatre ans, dans le cadre de la Loi sur la promotion économique et du Règlement sur la promotion économique. Et cela à hauteur d’au maximum 30% du montant réel investi.
Par ailleurs, et ce pour une période limitée à quatre ans aussi, le canton assumera 50% des frais d’abonnement des médias régionaux à l’agence de presse Keystone-ATS.