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Le directeur de Petrosaudi condamné à sept ans de prison dans l'affaire 1MDB

Le verdict est tombé dans l'affaire 1MDB. Deux financiers genevois écopent de 6 et 7 ans de prison
Le verdict est tombé dans l'affaire 1MDB. Deux financiers genevois écopent de 6 et 7 ans de prison / 19h30 / 27 sec. / mercredi à 19:30
C'était un verdict très attendu: le Tribunal pénal fédéral a condamné mercredi le directeur de la société genevoise Petrosaudi et son adjoint à des peines de prison dans l'affaire 1MDB. Il les a reconnus coupables d'escroquerie, de blanchiment d'argent qualifié et de complicité de gestion déloyale.

Mercredi, au début du prononcé du verdict, le juge qui présidait le tribunal a rappelé l'ampleur des montants en jeu: dans un premier temps, un milliard de dollars américains auraient été détournés du fonds souverain malaisien 1MDB, soit 1000 millions, un chiffre effrayant, a-t-il dit.

Selon lui, les accusés n'ont pas présenté d'arguments valables au tribunal pour prouver qu'il ne s'agissait pas d'une fraude. Ils devront rembourser 1,75 milliard de dollars à 1MDB, plus 5% d'intérêts.

Le directeur de Petrosaudi, un ressortissant suisse et saoudien, devra également verser à la Confédération une créance compensatrice de 450 millions de francs, son adjoint 12 millions de francs. La Cour des affaires pénales a également ordonné la saisie de cinq biens immobiliers en Suisse et à Londres.

>> Les explications de Forum :

Peines de prison ferme demandées par le Tribunal pénal fédéral dans le procès de corruption 1MBD (vidéo)
Peines de prison ferme demandées par le Tribunal pénal fédéral dans le procès de corruption 1MBD (vidéo) / Forum / 2 min. / mercredi à 18:00

Une affaire d'envergure internationale

Lors du procès, en avril, le Ministère public de la Confédération (MPC) avait requis des peines privatives de liberté de dix ans pour le directeur de Petrosaudi et de neuf ans pour son adjoint. Mercredi, il a estimé qu'il s'agissait d'un jugement important dans une procédure très complexe avec des ramifications internationales.

Ce jugement montre que les crimes économiques sont poursuivis indépendamment de leur complexité et de leur sophistication. Il souligne l'engagement fort des autorités de poursuite pénale pour la protection de l'intégrité de la place financière suisse, ajoute le parquet fédéral. Dès qu'un jugement écrit et motivé sera disponible, le MPC l'analysera et décidera de la marche à suivre.

>> Revoir les explications d'Henry Peter dans Forum :

Procès du fonds souverain malaisien 1MDB: interview d’Henry Peter
Procès du fonds souverain malaisien 1MDB: interview d’Henry Peter / Forum / 4 min. / le 9 avril 2024

Dans un communiqué, le conseil d'administration de 1MDB s'est quant à lui félicité de cette condamnation et a remercié les autorités suisses pour leur travail. Il a salué en particulier l'ordonnance de confiscation et de restitution de fonds et d'actifs.

Ce jugement constitue "une nouvelle étape vers la réparation des torts causés au peuple malaisien", ajoute un porte-parole du fonds souverain, cité dans le communiqué. "Nous continuons à engager des actions contre les parties impliquées dans le détournement frauduleux des fonds de l'Etat malaisien dans le monde entier"

Vaste siphonnage

Les deux hommes étaient accusés d'avoir ouvert les feux dans la vaste opération de siphonnage du fonds orchestrée par l'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak et son conseiller Jho Low. L'ampleur des détournements s'élèverait au final à quelque 4,5 milliards de dollars, dont 1,8 milliard à l'actif des deux prévenus genevois.

Dans un premier temps, 1MDB a été délesté, à fin 2009, d'un milliard de dollars. Ce montant a abouti sur des comptes de Petrosaudi et de Jho Low. Pour ces faits, le tribunal estime qu'il y a eu escroquerie par métier.

Pour d'autres paiements, le tribunal a condamné les prévenus pour complicité de gestion qualifiée déloyale, pour avoir aidé un membre de la direction du 1MDB à obtenir le versement des fonds. D'autres actions ont suivi pour dissimuler la provenance de l'argent, ce qui explique la charge de blanchiment d'argent qualifié.

Ces condamnations ne sont pas définitives et peuvent être contestées devant la Cour d'appel du Tribunal pénal fédéral. Après le prononcé du jugement, la Cour des affaires pénales a décidé, à huis clos, de ne pas ordonner de détention de sécurité pour les deux personnes condamnées en première instance. Elle a communiqué cette décision par écrit.

ats/itg

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C'est quoi, l'affaire 1MDB?

Le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB) a été créé en 2009 pour stimuler l'économie malaisienne. Mais de hauts responsables du fonds et leurs partenaires ont détourné des sommes estimées à 4,5 milliards de dollars.

L'argent aurait servi à corrompre des fonctionnaires du gouvernement, à financer les caisses noires de l'ancien Premier ministre Najib Razak et acheter des bijoux, des tableaux et des biens immobiliers pour des centaines de millions de dollars. En Malaisie, Najib Razak a été condamné en 2020 à douze ans de prison, une peine réduite de moitié en février 2024.

Comment le scandale a-t-il éclaté au grand jour?

En 2015, la journaliste britannique Clare Rewcastle Brown reçoit des documents révélant les fraudes liées au fonds souverain 1MDB. Elle en fait état sur la plateforme de révélations Sarawak Report. C'est alors que les autorités malaisiennes lancent leurs premières enquêtes.

Quelles sont les banques suisses impliquées?

Plusieurs banques suisses ont été impliquées dans le scandale 1MDB. L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a mené plusieurs procédures, qui ont notamment entraîné la dissolution de la banque tessinoise Banca della Svizzera Italiana (BSI) et de Falcon Private Bank, ainsi qu'un blâme à l'endroit de Rothschild Bank et de ses filiales pour de graves violations des prescriptions en matière de blanchiment d'argent.

La Finma a également prononcé plusieurs interdictions d'exercer à l'encontre de banquiers et infligé des amendes à des employés de banque. Credit Suisse et UBS ont par ailleurs été éclaboussés par le scandale: les grandes banques ont été réprimandées par la Finma et ont toutes deux dû payer une amende en Malaisie.