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Le Parlement veut améliorer l'accès aux études de médecine

Le Conseil des État n'entre pas en matière sur la formation de nouveaux médecins demandée par le Conseil national. [Keystone - Gaetan Bally]
Le Conseil des Etats veut faciliter la formation de médecins en Suisse: interview de Sébastien Jotterand / La Matinale / 7 min. / mardi à 07:25
Les étudiants en médecine doivent être sélectionnés sur des critères de compétence et de qualité. Le Conseil des Etats a adopté lundi, par 32 voix contre 9, une motion du National, venant du Centre, exigeant une meilleure offre de places d'études et de stages cliniques.

Aujourd'hui, 40% des médecins qui travaillent en Suisse ont fait leurs études à l'étranger, relevait la motion du conseiller national Benjamin Roduit (C/VS), en mars dernier. En cause, un système qui ne forme pas assez. Chaque année, deux tiers des candidats et candidates aux études de médecine échouent en raison du numerus clausus ou au terme d'une première année particulièrement sélective.

Après le Conseil national, le Conseil des Etats a demandé la révision des critères de sélection en faculté de médecine, afin d'élargir le nombre d'étudiants. Les tests d'aptitude doivent aussi prendre en compte les compétences humaines et relationnelles, et pas seulement des capacités purement cognitives.

Pour une meilleure offre

Nous manquons de médecins formés en Suisse, a déclaré Marianne Maret (C/VS). Sur les près de 41'000 médecins en exercice en 2023, près de la moitié ont suivi leurs études à l'étranger, a-t-elle souligné. Une meilleure offre de places d'études et de stages cliniques doit donc être proposée.

Cette mesure est un pas dans la bonne direction, a appuyé Mauro Poggia (MCG/GE). Le Genevois a appelé à améliorer les conditions pour les médecins "dont nous aurons besoin", à savoir ceux de premiers recours, qui sont aujourd'hui les moins valorisés dans le secteur. Il s'agit notamment des généralistes, des psychiatres et des gynécologues.

La Confédération n'a pas les compétences

La Confédération n'a ici pas de compétence, a contré Matthias Michel (PLR/ZG) pour la commission. En vain. Bien que préoccupé par le nombre de médecins en Suisse, le ministre de l'économie Guy Parmelin était également opposé au texte.

Plusieurs mesures ont été prises pour réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger, a rappelé le conseiller fédéral. Mais surtout, la grande marge entre le nombre de places disponibles et le nombre de candidats, un peu plus de 2000 pour 6000 inscriptions, ne permet pas de se débarrasser d'un numerus clausus. Ses arguments n'ont pas convaincu les sénateurs et sénatrices.

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"Une question de survie"

Interrogé dans La Matinale, Sébastien Jotterand, médecin généraliste et coprésident de l'Association médecins de famille Suisse, salue la prise de position du Conseil des Etats. Pour lui et son association – qui vient de déposer une pétition à Berne pour augmenter les places d'étude –, former plus de médecins en Suisse est une "question de survie".

"Sans le recrutement de nos collègues étrangers, nous serions débordés, pour ne pas dire plus... C'est une question de survie, mais ce n'est pas éthique. Ce n'est pas non plus logique qu'un pays comme la Suisse, qui a d'excellentes écoles de formation dans tous les domaines, se permette d'utiliser son pouvoir d'attractivité pour faire venir les médecins qui lui manquent", souligne-t-il.

Pendant les études, vous êtes soumis à un processus de sélection sur des critères exclusivement scientifiques ou de bachotage

Sébastien Jotterand, médecin généraliste

La motion parlementaire demande de prendre en compte les compétences humaines et relationnelles des étudiants. Cela passe par des stages en cabinet avant les études, mais aussi durant les études.

"Il s'agit de confronter les jeunes médecins au monde des soins. Avant l'entrée dans les études, ou lors de la première année, nous avions d'ailleurs l'obligation de faire un stage pour avoir l'occasion d'apprendre ce qu'est un métier de soins directs aux patients et d'être confronté à ces corps souffrants. Finalement, ça nous permettait de voir si on était fait pour ça, ou pas", explique Sébastien Jotterand.

Pour lui, ce stage sert de motivation. "Pendant les études, vous êtes éloigné du patient, notamment dans les premières années d'études, où vous êtes simplement soumis à un processus de sélection sur des critères exclusivement scientifiques ou de bachotage. Donc, nous souhaiterions inclure des critères de psychologie médicale, de savoir-faire et de savoir-être à ce stade, pour que les gens ne se trompent pas de métier", conclut-il.

jfe

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