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Le Parlement veut mieux prévenir les violences faites aux personnes âgées

Conseil des Etats en faveur d’un programme de prévention de la violence contre les aînés. [Keystone - Christian Beutler]
Conseil des Etats en faveur d’un programme de prévention de la violence contre les aînés / La Matinale / 1 min. / le 28 février 2024
Le Parlement souhaite mieux prévenir les violences à l'encontre des personnes âgées. Après le National, les Etats ont accepté mardi une motion en faveur d'un programme de prévention au niveau fédéral. Le phénomène toucherait entre 300'000 et 500'000 personnes chaque année et ces chiffres seraient sous-évalués, selon les spécialistes.

La Chambre des cantons s'est montrée favorable au texte, avec 21 voix pour, 19 contre et deux abstentions. Le Centre était divisé sur le projet, bien que la motion émanait d'Ida Glanzmann (Centre/LU). 

La violence sur les personnes âgées provoque d'énormes souffrances. Chaque année, entre 300'000 et 500'000 personnes de plus de 60 ans sont victimes de violence, d'abus ou de négligence, a rappelé au nom de la commission Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU).

>> Relire aussi : De nombreuses femmes âgées tuées dans l'indifférence en Suisse

Le "programme d'impulsion", d'un montant de 500'000 à un million de francs, vise à renforcer les offres existantes en matière de prévention, de formation et de mise en réseau. Il doit aussi développer des offres pour la prise en charge des personnes âgées et le soutien des proches aidants.

Car si on parle de violences en institutions, dans les EMS par exemple, la plupart des cas émanent du cadre privé, avec les proches aidants, et surtout au sein du couple. 

Des chiffres probablement sous-estimés

Invitée mercredi dans La Matinale, Delphine Roulet Schwab, professeure à la Haute école de santé la Source et présidente du Centre national de compétence "Vieillesse sans violence", estime que les chiffres articulés en Suisse ne reflètent probablement pas l’ampleur du problème. Car ils sont extrapolés et ils se basent sur des études européennes, ainsi que sur des cas déclarés.

Le type d’abus le plus courant est sans aucun doute la violence psychologique. Elle peut se manifester sous forme verbale, par exemple par le biais de "dénigrement, d’humiliations ou d’infantilisation au quotidien. Dans le contexte d’un couple, cela peut prendre la forme d’un contrôle coercitif, où un conjoint surveille constamment ce que le conjoint fait, à qui il parle ou encore qui il voit", explique Delphine Roulet Schwab.

>> Voir l'intégralité de l'interview de Delphine Roulet Schwab dans La Matinale :

Comment prévenir la violence contre les personnes âgées? Interview de Delphine Roulet Schwab
Comment prévenir la violence contre les personnes âgées? Interview de Delphine Roulet Schwab / La Matinale / 7 min. / le 28 février 2024

De plus, les femmes de cette génération ont grandi dans un monde dans lequel elles avaient moins de droits, "où il était normal en tant que femme d'avoir moins de droits et que cela soit Monsieur qui décide au sein de la famille. Elles ont donc aussi une tolérance plus élevée par rapport à une certaine violence, car elles ont toujours vécu avec", éclaire la spécialiste.

Pour les hommes de cette génération qui subissent de la violence, demander de l’aide est également un défi. "Car ils ont la vision d'une société patriarcale, de l'homme qui doit être fort, qui ne doit pas pleurer", souligne Delphine Roulet Schwab.

Parfois, le passage à la retraite peut aggraver une violence latente au sein d’un couple ou même la renforcer. Il est important de noter que la violence ne fait pas de distinction sociale ou économique et touche tous les milieux.

Un engagement des cantons demandé

Pour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, en charge du dossier, il y a unanimité sur la nécessité d'agir. Mais il y a un problème de financement.

Son département a suspendu les travaux lancés à la suite de l'adoption du rapport de 2020 "Prévenir la violence sur les personnes âgées". Motif: les cantons auraient voulu que le programme soit entièrement financé par la Confédération. Les cantons doivent faire leur part, selon elle.

Encore tabou

"La violence et la maltraitance contre les aînés est encore taboue", a rappelé Maya Graf (Verts/BL). On a besoin d'une meilleure coordination entre la Confédération, les cantons et les communes, sachant que le nombre de cas non recensés est sans doute bien plus élevé. Une position qui a convaincu plusieurs élus du Centre et quelques PLR.

Le Conseil national avait accepté la motion par 126 voix contre 59.

Texte web: ats/ami/miro

Sujet radio: Gabriela Cabré

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"Ça arrivait comme ça, sans raison"

La RTS a pu s'entretenir avec une victime romande qui souhaite rester anonyme et dont la situation fait encore l'objet d'une procédure judiciaire.

A 64 ans, elle a subi des violences verbales, physiques et sexuelles de son mari. "Je me disais qu'à l'âge que j'avais, je n'allais pas chercher plus loin, que je prendrais les bons moments et que ça allait s'arranger. J'ai surtout reçu beaucoup de coups… Des fois, il appuyait ses poings fermés sur mon cou pour étouffer le son de ma voix. Ça arrivait comme ça, sans raison. Il pouvait me taper et me dire deux heures plus tard: 'Si tu veux, on peut faire l'amour'", témoigne-t-elle dans le cadre de la série "Brisons le silence!" diffusée sur la RTS.

>> Voir les vidéos produites dans le cadre de la série Brisons le silence!  : "Brisons le silence!", récits de violence au sein du couple

De l'écoute et des conseils

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