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Le projet de relancer les trains de nuit pourrait être enterré faute de subventions fédérales

Des passagers dans un train de nuit. [Keystone - Christian Beutler]
Le Conseil fédéral essaie d'enterrer le projet des trains de nuit / La Matinale / 1 min. / hier à 06:32
Les trains de nuit pour Barcelone et Rome à partir de la Suisse pourraient ne pas voir le jour. En cause, le Conseil fédéral a récemment annoncé une série de mesures d'économies. Parmi elles, il y a l'annulation du subventionnement des trains de nuit à hauteur de 30 millions de francs par année.

Partir en train de Zurich vers Rome, ou de Genève vers Barcelone, et s'y réveiller au petit matin. Depuis des années, les CFF y songent. Mais aujourd'hui, le financement de ces lignes n'est plus assuré. Il est donc impossible d'aller de l'avant, explique le porte-parole des CFF Frédéric Revaz lundi dans La Matinale.

"Ce sont des lignes qui ne sont pas rentables, car les trains ne circulent qu'une fois par jour et nécessitent beaucoup d'entretien et de personnel. Donc effectivement, il faut s'assurer d'avoir un financement pour lancer ces deux projets."

Si on veut atteindre des objectifs de réduction des émissions de CO2, il faut trouver des alternatives à la mobilité aérienne

Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE)

Il était prévu que la Confédération subventionne l'offre des trains de nuit dès l'année prochaine. Ce financement était même inscrit dans la loi CO2 adoptée par le Parlement. Mais le Conseil fédéral veut maintenant économiser les 30 millions de francs qui y étaient dédiés dans le cadre de son programme d'économies.

La gauche et les Vert'libéraux en colère

La gauche et les Vert'libéraux fulminent. Selon eux, la loi CO2 doit être appliquée et des alternatives à l'avion doivent être soutenues.

La conseillère nationale verte genevoise Delphine Klopfenstein Broggini juge que cette décision est une aberration: "C'est une décision qui va contre la volonté du Parlement qui a voté la loi CO2. [...] Le Conseil fédéral rabote des comptes qui au contraire devraient être soutenus. Si on veut atteindre des objectifs de réduction des émissions de CO2, il faut trouver des alternatives à la mobilité aérienne", souligne la conseillère nationale. "Naturellement, les trains de nuit, c'est une voie à suivre. Aujourd'hui, on est en retard sur le sujet. Et maintenant, on prend encore plus de retard. C'est absolument incompréhensible."

Le trafic à grande vitesse est rentable, alors que les trains de nuit, malheureusement, c'est joli, même romantique, mais ce n'est pas ça qui va résoudre la crise climatique

Damien Cottier (PLR/NE)

La droite pour l'austérité en matière de mobilité douce

A droite, certains estiment qu'il est raisonnable de bloquer des dépenses qui n'ont pas encore été engagées. Et pour le conseiller national PLR neuchâtelois Damien Cottier, le Conseil fédéral devait faire une pesée d'intérêt.

Les sept Sages ont donc pris la bonne décision, selon lui: "Je trouve que c'est pertinent de la part du Conseil fédéral de commencer par ces crédits-là qui, justement, ne sont pas encore des subventions. [...] On doit mettre la priorité sur le trafic ferroviaire international, mais à grande vitesse. [...] Le trafic à grande vitesse est rentable, alors que les trains de nuit, malheureusement, c'est joli, même romantique, mais ce n'est pas ça qui va résoudre la crise climatique. Et surtout, ils n'assurent pas leur rentabilité."

Ce débat se poursuivra au Parlement. Si les Chambres valident cette décision, l'extension du réseau des trains de nuit depuis la Suisse pourrait subir un gros coup de frein.

>> Les précisions dans La Matinale sur les trains de nuit vers Rome et Barcelone :

Un contrôleur inspecte un train de nuit autrichien qui relie les villes de Vienne et de Zürich. [Keystone - Leandre Duggan]Keystone - Leandre Duggan
Faute de financement, le retour du train de nuit vers Rome ou Barcelone pourrait être compromis / La Matinale / 1 min. / aujourd'hui à 06:28

Sujet radio: Gabriela Cabré

Adaptation web: Julien Furrer

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