Le retard du consentement présumé des dons d'organes aura des "conséquences très importantes"
"On regrette beaucoup" ce retard, a souligné Franz Immer, directeur de Swisstransplant, dans Forum jeudi soir. Le Conseil fédéral a arrêté cette date, car il attend que le registre numérique des dons soit lui aussi prêt.
Le principe du consentement présumé avait été accepté par le peuple en 2022 et doit permettre de sauver une centaine de vies par an. La mesure est d'autant plus importante que la Suisse fait face à un manque de donneurs, souvent à cause du manque d'information de la famille du défunt.
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"Malheureusement, plus de la moitié des proches ne connaît pas l'avis du défunt lorsque la question se pose dans les soins intensifs", explique l'invité de la RTS. Or, "selon la loi actuelle, elle doit prendre la décision en tenant compte de l'avis du défunt." Donc si le sujet n'a jamais été abordé, "c'est très difficile" pour les familles "et ça aboutit à un refus" qui est souvent regretté par les familles "quelques mois plus tard".
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Fort taux de refus
En 2023, la Suisse a malgré tout enregistré un nombre record de dons d'organes, compte tenu du taux de refus de 58%. En tout, 200 personnes ont pu faire un don. Le rapport annuel de Swisstransplant publié mardi montre également que le nombre de personnes ayant bénéficié d'une transplantation d'organe n'a jamais été aussi élevé (675).
La Suisse reste donc l'un des pays d'Europe où le taux de refus des dons d'organes est le plus élevé. "60% des proches refusent un don parce qu'ils ne connaissent pas l'avis du défunt, ce qui explique la pénurie d'organes qu'on a actuellement en Suisse", insiste Franz Immer.
Il salue toutefois le fait que la Suisse est un "très bon élève en ce qui concerne la détection des donneurs en soins intensifs".
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Taux corrélé au principe du consentement présumé
Le Conseil fédéral a annoncé mercredi retarder l'implémentation du principe du consentement présumé à 2026, car le registre numérique des dons n'est pas encore prêt. La question de la protection des données est certes "importante", souligne le directeur de Swisstransplant, mais ce dernier aurait "espéré une entrée en vigueur plus rapide pour que le taux de refus recule. On a vu ça en Hollande" où ce taux "a baissé de 7 à 10%" depuis que le principe de consentement est entré en vigueur.
En France et en Italie, par exemple, où le principe du consentement présumé est en vigueur, le taux de refus est "beaucoup plus bas", note Franz Immer. Il est "d'environ 25%".
"On perd 75 à 80 donneurs en deux ans avec ce délai, ça fait 240 organes qu'on ne peut pas transplanter", insiste-t-il encore. "Ce retard a des conséquences très importantes".
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Et d'ajouter: sans l'implémentation du principe du consentement présumé, on va rester avec une centaine de décès par an à cause du manque de donneurs.
En Suisse, 1400 patients sont sur liste d'attente.
Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web: Julie Marty