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Le soutien d'Albert Rösti au coup de sang de Thomas Aeschi divise le Parlement

L’esclandre de l'UDC Thomas Aeschi sous la coupole a fait réagir jusqu’au Conseil fédéral
L’esclandre de l'UDC Thomas Aeschi sous la coupole a fait réagir jusqu’au Conseil fédéral / 19h30 / 2 min. / le 13 juin 2024
L'altercation de deux élus UDC avec la police fédérale mercredi à Berne divise le Conseil fédéral. Si pour Beat Jans, le fonctionnement du Parlement n'a à aucun moment été entravé par l'incident, Albert Rösti défend, lui, le coup d’éclat de Thomas Aeschi. Mais sa prise de position suscite à son tour des réactions.

Mercredi, le président du Parlement ukrainien Rouslan Stefantschouk était en visite au Palais fédéral. Pour une séance photo, la police fédérale a bloqué un escalier.

Lorsque le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi a voulu emprunter cet escalier, une altercation s'est produite. L'UDC zougois, ainsi que son collègue valaisan Michael Graber, ont été énergiquement repoussés par des agents armés de la police fédérale. Thomas Aeschi s'est insurgé et a fait valoir sur le portail X que "durant la session, le travail parlementaire passe avant les visites d'Etat étrangères".

>> Lire aussi : Deux élus UDC, Thomas Aeschi et Michael Graber, ont eu une altercation avec la police fédérale à Berne

Dispositif "nécessaire"

"Les parlementaires ont simplement dû prendre un autre escalier, on pouvait donc se tenir aux instructions de la police", a rétorqué le conseiller fédéral socialiste Beat Jans à Keystone-ATS, en marge d'une réunion ministérielle jeudi à Luxembourg.

"Quand quelqu'un vient d'Ukraine, d'un pays en guerre, le niveau de sécurité est élevé", déclare-t-il. L'escalier bloqué faisait partie d'un dispositif que Beat Jans considère comme "nécessaire". "Si cela avait vraiment entravé le fonctionnement du Parlement, on pourrait en débattre", dit-il, remerciant au passage les forces de sécurité pour leur travail.

Invité dans l'émission Rundschau de SRF mercredi, le conseiller fédéral UDC Albert Rösti a soutenu quant à lui son collègue de parti Thomas Aeschi. Pour lui, les parlementaires doivent pouvoir se déplacer librement dans le Parlement. "Qu’un parlementaire élu, que tout le monde connaît, ne puisse pas monter et descendre les escaliers pour aller à son travail, à mon avis, ça ne va pas", a-t-il affirmé à la télévision alémanique.

Pas le rôle d'un conseiller fédéral

Pour certains élus fédéraux, en affichant sa solidarité avec Thomas Aeschi, Albert Rösti sort de son rôle de conseiller fédéral. "Le Conseil fédéral doit être le gardien du temple pour les institutions. Il connaît parfaitement les contraintes d'une visite diplomatique à haut risque", estime Raphaël Mahaim, conseiller national (Les Vert.e.s/VD), dans le 19h30 de la RTS.

"Ce n'est pas son rôle", renchérit Vincent Maitre, conseiller national (Le Centre/GE). "Je le soutiens volontiers sur les dossiers politiques, mais ce n'en était pas un et on attend un peu plus de modération d'un conseiller fédéral, surtout sur ses propres troupes."

Politique de soutien à l'Ukraine critiquée

Dans la formation UDC en revanche, on salue le soutien du conseiller fédéral et ancien président du parti. "Je remercie Monsieur Rösti d’avoir apporté ces clarifications", affirme le conseiller national UDC fribourgeois Nicolas Kolly.

"Aujourd'hui, la Suisse dépense beaucoup d’argent pour un sommet pour la paix qui n'amènera rien et hier, le travail du Parlement a été perturbé par la visite du président du Parlement ukrainien et ça, ce n'est pas normal", poursuit-il, faisant allusion à la conférence du Bürgenstock.

>> Lire aussi : Les préparatifs avancent au Bürgenstock, mais la conférence ne fait pas que des heureux dans la population

Derrière ce coup de sang se trouve en effet le positionnement de la Suisse sur la scène internationale, que l'UDC juge trop engagée. Depuis près d'une année, le parti multiplie les protestations liées à l'Ukraine. En juin 2023, l'UDC avait protesté contre une adresse par visioconférence de Volodymyr Zelensky, laissant quasi tous leurs sièges vides. En janvier de cette année, les chefs de l'UDC avaient été les seuls à bouder une rencontre avec le président ukrainien.

Mercredi, les conseillers nationaux UDC ont quitté la salle plutôt que de saluer, comme c’est l'usage, la présence du premier citoyen ukrainien Rouslan Stefantschouk. Ce nouvel esclandre lié à l'Ukraine intervient à deux jours de la conférence sur la paix qui devrait accueillir les représentants de quelque 90 pays samedi et dimanche au Bürgenstock (NW).

Sujet TV: Michael Maccabez

Adaptation web: Emilie Délétroz avec ats

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Michael Graber s'excuse pour sa comparaison avec les nazis

"Je suis désolé et je demande pardon aux policiers", a déclaré le conseiller national Michael Graber dans une interview publiée vendredi par le Blick. Lors de l'incident survenu mercredi sur les marches du Palais fédéral, l'élu UDC leur avait lancé qu'ils "auraient été les premiers à exécuter les ordres d'Hitler".

Michael Graber estime qu'il n'était pas responsable de la situation: "La véritable anomalie de cette journée était le dispositif de sécurité avec des policiers armés de pistolets mitrailleurs chargés sur les escaliers qui ne font pas la différence entre des parlementaires démocratiquement élus et des personnes qui pourraient représenter un danger", a-t-il déclaré.

Il remet également en question l'argument selon lequel le président du Parlement ukrainien Rouslan Stefantchouk était une cible potentielle d'attentat. Ce "danger supplémentaire" pendant une session parlementaire est "discutable", a-t-il affirmé.