Après plusieurs heures de débat, les délégués des Eglises évangéliques réformées de Suisse ont refusé, par 32 voix contre 24 et cinq abstentions, de lancer une enquête sur les abus sexuels dans leur institution, comme le proposait leur Conseil.
L'enquête, qui faisait suite aux révélations en Allemagne d'au moins 2225 victimes d'abus au sein de l'Eglise protestante, devait identifier où et à quelle fréquence des abus auraient pu être commis en Suisse, et qu'est-ce qui a protégé les agresseurs. La présidente du Conseil de l'Eglise évangélique réformée espérait qu'elle permette d'aider également d'autres institutions à lutter contre les abus sexuels.
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Une étude "trop ouverte" à la société?
Devisée à 1,6 million de francs et prévue pour fin 2027, elle devait être confiée à l'Université de Lucerne et porter sur quelque 20'000 personnes en Suisse, protestantes ou non. Et c'est ce dernier point qui a posé problème.
"Je ne suis pas contre une étude globale, c'est intéressant. Je pense seulement que ce n'est pas à l'Eglise réformée de faire une étude de la société" entière, conteste Esther Straub, membre du synode.
L'instance parlementaire a donc préféré confier ce mandat à la Confédération. Un choix regrettable aux yeux du Conseil, qui prend acte mais compte bien poursuivre le travail. "Nous avions une proposition concrète et réelle, qui était pour la transparence et la précision", déplore son vice-président Pierre-Philippe Blaser.
Le Conseil doit se remettre au travail
"C'est assez compliqué d'interpréter cette réponse, parce qu'elle est sans doute motivée par des arguments divers et variés", a-t-il expliqué mardi dans le journal de 12h30.
"La possibilité d'une étude existe toujours. Nous devons maintenant réorganiser cela et repenser d'autres modalités", poursuit-il toutefois. "On repart un peu de zéro, ça fait retarder les choses mais nous allons nous mettre au travail dès demain."
Dans l'attente, les délégués ont souhaité renforcer les mesures de prévention et soutenir la création d’une ligne de contact national externe pour dénoncer les abus. Ils envisagent aussi une enquête interne.
Sujet TV: Elodie Botteron
Texte web: Pierrik Jordan