Le tourisme suisse mise de plus en plus sur l'automne, mais attire surtout... les Suisses
"On met l'accent sur l'automne, notamment pour des raisons climatiques. L'automne dure douze jours de plus que dans les années 1970, donc il y a un énorme potentiel sur cette saison", explique dans le 19h30 François Germanier, porte-parole de Suisse Tourisme, qui évoque aussi des premières neiges toujours plus tardives.
Cette stratégie s'est avérée plutôt payante ces dernières années, à en croire les chiffres de Suisse Tourisme qui affichent une augmentation de 9,4% des nuitées hôtelières de septembre et octobre entre 2019 et 2023. L'augmentation est même de 20,4% pour les touristes suisses, qui représentent 60% des nuitées à cette période de l'année.
Pour attirer les vacancières et les vacanciers, l'organe de promotion du pays a misé sur son ambassadeur le plus célèbre: Roger Federer. Dans un clip lancé début septembre, le tennisman découvre les couleurs automnales des montagnes avec l'acteur Mads Mikkelsen.
Le facteur météo
Mais voir l'idole du tennis suisse se rouler dans les feuilles mortes et un ancien méchant de James Bond brouter de la mousse en forêt ne suffit pas forcément. Car contrairement au spot publicitaire, le soleil ne brille pas toujours au-dessus des forêts teintées d'orange.
"Le tourisme est malheureusement très fortement affecté par la mauvaise météo de cette année. Et la météo est vraiment le juge de paix pour le tourisme automnal en montagne", constate Simon Wiget, directeur de Verbier Tourisme, dans La Matinale.
Selon lui, les mauvaises conditions météo ont moins d'impact en été, parce que les températures sont plus élevées et permettent malgré tout de rester dehors, ou en hiver, parce que les précipitations tombent sous forme de neige et c'est un avantage. "Notre offre de base est majoritairement orientée vers les activités en plein air. On ne peut pas compter, comme pour les villes, sur de nombreuses activités à l'intérieur..."
Pour les villes aussi, le tourisme automnal est un enjeu. "Ce n'est pas parce que Suisse Tourisme lance cette campagne de promotion cette année qu'on en récoltera tout de suite les fruits. Ça prendra peut-être quelques années, mais Genève a beaucoup à offrir à ce moment de l'année", espère dans La Matinale Jean-Vital Domézon, président de la Société des hôteliers genevois.
L'attrait du soleil
Celui qui dirige aussi l'Hôtel d'Angleterre souligne également l'importance du facteur météo. "Une partie de la clientèle locale et internationale préfère des destinations plus ensoleillées pour éviter la grisaille qu'on peut connaître parfois sous nos latitudes."
Un constat que partage Modestino Capolupo, directeur du tour-opérateur "Tourisme Pour Tous": "Connaître notre beau pays, c'est une chose, mais on veut aussi connaître d'autres cultures, d'autres destinations. Cette année par exemple, les Canaries, la Grèce ou l'Egypte marchent très fort", détaille-t-il dans La Matinale, en précisant que des destinations plus nordiques ont aussi la cote.
Un report de l'été vers l'automne
De façon générale, le spécialiste du tourisme constate un report des vacances d'été vers l'automne. "On souhaite de moins en moins partir pendant la période chaude de l'été, donc on opte plutôt pour les vacances scolaires d'automne."
Et à défaut de parvenir à attirer une clientèle internationale, certaines régions misent à fond sur le tourisme local, à la journée. "Principalement, ce sont des Suisses qui viennent au Pays d’En Haut, surtout des Vaudois, des Fribourgeois, mais aussi de plus en plus de Bernois", explique dans le 19h30 Alice Jaquillard, de Pays-d’Enhaut Région Economie et Tourisme.
Attirer les Suisses alémaniques, c’est le défi que s’est lancé le Valais en organisant par exemple le Marathon des Saveurs à Sierre. Une vingtaine de kilomètres ponctués d’étapes gourmandes qui ont attiré 650 participants venus pour la plupart de Suisse alémanique. "L’automne, c’est une bonne saison oui, c’est une très bonne saison", conclut Yannick Tenud, directeur du Château de Villa à Sierre, en servant des raclettes aux participants.
Sujet TV: Delphine Misteli et Léandre Duggan
Interviews radio: Inès Moubachir et Yann Amedro
Texte web: Victorien Kissling