Le trafic passagers et marchandises a repris ce lundi dans le tunnel de base du Gothard
Les voyageurs peuvent ainsi à nouveau se rendre de Zurich à Lugano en moins de deux heures. C'est une heure de moins que via la solution actuelle de remplacement par la ligne de faîte. Le tout, à une cadence semi-horaire.
La circulation de tous les trains directs vers l'Italie, pour rejoindre Milan, Venise, Gênes et Bologne, a aussi repris, ajoutent les CFF. Et de préciser que la liaison entre Francfort et Milan est également rétablie, mais passe désormais par Zurich au lieu de Lucerne.
Un milliard d'investissements prévu
"Aujourd'hui est un bon jour pour la Suisse, pour le Tessin et pour tout le continent", a relevé le ministre des Transports Albert Rösti lors de son discours au centre d'information d'AlpTransit à Pollegio (TI). Le Bernois a rappelé que le tunnel ferroviaire est un "élément central pour le transport de marchandises en Europe".
L'année dernière a clairement montré l'importance de la ligne de faîte du Gothard. La Confédération va donc investir un milliard de francs dans celle-ci au cours des prochaines années, a expliqué le ministre, tout en espérant avoir "le moins possible besoin de cette redondance".
Soulagement et gratitude pour Vincent Ducrot
"C'est un soulagement d'avoir pu remettre en état les sept kilomètres de tunnel endommagé", s'est réjoui le directeur général des CFF Vincent Ducrot dans l'émission Forum. "J'éprouve également de la gratitude envers les ouvriers de notre entreprise et des entreprises externes qui ont travaillé 24 heures sur 24 pendant 13 mois pour mener à bien ces travaux."
Les dégâts étaient très importants avec des coûts de l'ordre de 150 millions. "Cela ne met pas les CFF en difficulté, car nous avons en interne notre propre assurance, qui elle-même a une réassurance. Le coût que nous devons porter immédiatement est de l'ordre d'une dizaine de millions de francs", a-t-il encore expliqué.
Malgré toutes les mesures prises, "le risque zéro n'existe pas dans notre métier". Quelque 500'000 wagons marchandises sont utilisés en Europe. Leurs roues font l'objet d'une nouvelle norme en Europe et vont être davantage contrôlées, a conclu Vincent Ducrot.
Un accident en août 2023
Un train de marchandises a déraillé dans le tube ouest du tunnel de base le 10 août 2023 à 12h48, alors qu'il reliait Chiasso (TI) à Bâle. Selon le rapport intermédiaire du Service suisse d'enquête de sécurité (Sese), l'accident a été provoqué par le bris de la bande de roulement d'une roue.
Un fragment du disque d'une roue s'est cassé une dizaine de kilomètres après l'entrée dans le tunnel, provoquant d'autres bris et fragments.
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Dégâts énormes
La roue a été désaxée et le dernier fragment s'est détaché 17 km après l'entrée dans le tunnel, détruisant un aiguillage près de Faido (TI) et entraînant le déraillement de 16 wagons de marchandises. Le train s'est divisé entre le 13e et le 14e wagon et certains wagons ont atterri sur la voie de déviation.
Les dégâts causés à l'infrastructure du tunnel ont été énormes. Les wagons endommagés ont dû être évacués par le portail sud. Une voie provisoire a été construite pour le sauvetage. Plusieurs wagons étaient tellement abimés qu'ils ont dû être démontés sur le lieu de l'accident.
Selon le Sese, la rupture de la roue pourrait être due à des fissures de fatigue dans le métal. Les protocoles de contrôle en place ne permettent actuellement pas de déceler de telles fissures. Le Sese n'a pas trouvé d'indices de défauts d'exploitation comme cause de l'accident.
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Les responsabilités à clarifier
Les CFF ont chiffré le montant des dommages causés par l'accident, y compris les pertes de recettes, à environ 150 millions de francs. L'entreprise ferroviaire dispose certes d'une assurance pour de tels événements, mais c'est en principe celui qui fournit le conducteur de la locomotive qui est responsable, a déclaré le patron des CFF Vincent Ducrot en novembre dernier.
Pour la commission des transports du Conseil national, CFF Cargo, "en tant que transporteur substitué, sera très probablement rendu responsable de l’accident". Selon le droit en vigueur, le détenteur du wagon n’est responsable en cas d’accident que si l’entreprise ferroviaire peut prouver qu’il a commis une faute. Un défaut sur le wagon ne suffit pas à prouver la faute.
hkr/lan avec ats