Légère avance pour l'initiative sur la biodiversité et incertitude pour la réforme LPP, selon un sondage SSR
Le 22 septembre prochain, la population suisse est appelée à voter sur l'initiative sur la biodiversité, qui demande l'affectation de davantage de surfaces à la protection de la nature, du paysage et du patrimoine bâti et l'allocation de davantage de moyens financiers à la conservation de la diversité naturelle. A un peu plus d'un mois du vote, le texte est soutenu par 51% des Suisses et des Suissesses, montre le sondage réalisé par l'institut gfs.bern pour le compte de la SSR.
Le deuxième objet soumis au peuple le 22 septembre est la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP), qui prévoit un abaissement du taux de conversion - qui détermine le montant minimal de la future rente - de 6,8% à 6% et une baisse du seuil d'accès au deuxième pilier. Soumis au référendum, le texte est soutenu par 49% de la population alors que 39% des sondés se disent opposés à la réforme. La part des indécis est encore importante, avec 12% des personnes qui ne savent pas encore ce qu'elles voteront.
BIODIVERSITE: divergences très nettes entre la gauche et la droite
Sans grande surprise, l'initiative "Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage" met en évidence de larges différences selon les tendances politiques. A gauche, les sympathisants des Verts sont 95% à s'y dire favorables alors que du côté de l'électorat socialiste, 85% des sondés comptent glisser un oui dans l'urne le 22 septembre prochain.
A l'inverse, les soutiens du Centre sont 56% à rejeter l'initiative sur la biodiversité. Un rejet qui est encore plus marqué du côté du PLR (71% de non) et auprès des sympathisants UDC, qui sont 72% à s'y opposer.
Classés politiquement à droite, mais connus pour leur orientation en faveur de politiques environnementale, les Vert'libéraux voient eux leur électorat soutenir assez largement le projet (67% de oui). Enfin, avec 51% d’approbation, les indépendants tendent vers le oui dans les mêmes proportions que l’ensemble des titulaires du droit de vote.
Du côté de l'argumentaire, le camp du oui reçoit un large soutien lorsqu'il évoque de manière générale l'importance de la protection de l'environnement. Ainsi, le sondage montre que près des trois quarts des sondés estiment que "la destruction du milieu naturel" aura de graves conséquences "pour la santé, l'économie et les générations futures". Du côté du non, c'est l'argument de l'agriculture qui fonctionne le mieux, avec 54% des participants au sondage qui jugent que le secteur se retrouvera sous pression si les surfaces protégées sont étendues.
Fossé entre villes et campagnes
Le sondage sur l'initiative sur la biodiversité met également en évidence des divergences d'opinion importantes entre villes et campagnes. Ainsi, les sondés qui vivent dans une région rurale sont seulement 41% à soutenir le texte.
A l'inverse, plus on se rapproche des villes, plus le oui est important. Les personnes ayant participé à l'enquête d'opinion et vivant dans des petites et moyennes agglomérations sont 53% à se prononcer en faveur de l'initiative. Un taux qui monte à 56% pour celles et ceux qui habitent dans une grande agglomération.
La part des indécis est quant à elle stable dans tous les cas, avec entre 5% et 6% des personnes qui ne savent pas encore s'ils glisseront un oui ou non dans l'urne le 22 septembre.
Les femmes beaucoup plus favorables au texte
Le sexe des personnes sondées joue également beaucoup sur l'initiative sur la biodiversité. Les femmes se montrent nettement plus favorables au projet puisqu'elles sont 58% à soutenir le texte. Un écart de 14 points avec les hommes, qui se prononcent seulement à 44% pour le oui.
Au niveau des régions, c'est la Suisse romande qui se montre la plus encline à voter oui, avec 57% d'opinion favorable contre 51% pour le Tessin et seulement 49% pour la Suisse alémanique.
Enfin, le revenu mensuel des ménages entre aussi en ligne de compte puisque moins il est élevé, plus le oui est net. Les personnes disposant de 3000 francs par mois sont ainsi 66% à se prononcer en faveur du texte, alors que le oui n'est que de 48% pour ceux qui ont plus de 11'000 francs.
RÉFORME LPP: encore beaucoup d'indécis
La réforme de la prévoyance professionnelle est quant à elle majoritairement rejetée par les sympathisants du Parti socialiste. Ils sont 51% à se dire absolument contre ou résolument contre le projet. Une majorité qui reste toutefois ténue à l'aune des mots d'ordre du parti. A gauche toujours, les soutiens des Verts sont quant à eux assez partagés. Ils sont 42% à se prononcer en faveur de la réforme contre 38% qui y sont opposés. La part des indécis est la plus haute de tous les groupes politiques avec 20% des sondés.
C'est du côté des Vert'libéraux, du PLR et du Centre que le soutien à la réforme est le plus fort. Les sympathisants de ces trois partis sont pour le oui, respectivement à 70%, 68% et 63%. A l'inverse, la situation est beaucoup plus indécise auprès de l'électorat UDC. Le parti agrarien voit ses soutiens appuyer le texte du bout des lèvres, avec une majorité relative de 46%, contre 42% qui sont résolument contre ou plutôt contre la réforme. Le taux d'indécis est ici aussi important et similaire à l'électorat socialiste, avec 12%.
Pour le camp du oui, c'est l'argument d'une amélioration de la prévoyance professionnelle pour les personnes travaillant à temps partiel, le plus souvent des femmes, qui fait mouche. Près de 90% des sondés jugent qu'il s'agit de quelque chose d'important. Le camp du non peut lui aussi compter sur un argument fort: l'impossibilité de supporter une baisse des rentes LPP au vu du renchérissement et de la hausse des taux d'intérêts. Près des deux tiers des personnes interrogées sont en effet d'accord avec ce raisonnement.
Sur la LPP, la Suisse romande fait bande à part
Si la votation avait eu lieu le 4 août, la Suisse romande aurait été la région linguistique la moins encline à voter en faveur du texte. Seuls 40% des électeurs et électrices auraient glissé un oui dans l'urne. C'est bien moins qu'en Suisse allemande (52%) et qu'au Tessin (54%).
Dans le camp du non, l'écart entre les régions reste significatif, même s'il est moins important. Les Suisses romands sont 43% à s'opposer au texte, contre 38% en Suisse alémanique et seulement 33% dans le canton du Tessin.
Mais c'est surtout le taux de personnes encore indécises qui rapproche les trois régions. Si la Suisse romande est en tête avec 17% des sondés qui disent ne pas encore savoir ce qu'ils vont voter, le nombre de personnes encore hésitantes est aussi élevé au Tessin (13%) et outre-Sarine (10%).
Les données du sondage gfs.bern concernant l'âge, le sexe et le niveau de formation des répondants sont également à prendre en compte bien que sur ce texte, elles ne semblent pas révéler de véritables tendances de fond.
Les 18-39 ans sont ainsi 49% à se prononcer pour la réforme, contre 54% pour les plus de 65 ans et 47% pour les 40-64 ans. Les femmes soutiennent elles un peu moins le projet, 48% contre 52% pour les hommes. Enfin, les personnes disposant d'une haute formation sont 51% à vouloir voter oui, contre 47% pour les sondés qui ont une formation moyenne et 45% de ceux qui ont peu de formation. Le nombre de personnes indécises reste quant à lui haut dans toutes ces catégories.
Tristan Hertig
Martina Mousson: L'erreur de l'OFAS "a créé une méfiance envers les chiffres communiqués par la Confédération"
Un sondage publié par Tamedia mercredi donne le camp du "non" très nettement en tête (59%) concernant la réforme de la LPP, soit un écart de 20 points avec le sondage SSR (lire l'encadré). Une différence "remarquable" pour la politologue et cheffe de projet à l'Institut de recherche gfs.bern Martina Mousson, qui relève que cet écart n'est notable que pour la votation sur la réforme de la prévoyance professionnelle. "Cela montre qu'il s'agit d'un cas spécial de formation d'opinion", a-t-elle réagi vendredi dans La Matinale de la RTS.
Selon elle, le sondage Tamedia n'est pas pour autant plus représentatif. "Il a été réalisé dans les deux jours qui ont suivi la communication [de l'erreur de l'Office fédéral des assurances sociales] et a donc été fortement influencé par l'annonce et les histoires médiatiques créées par cette faute." La politologue estime qu'il faut désormais attendre le deuxième sondage des deux parties pour tirer des conclusions.
Les erreurs de calcul de l'OFAS ont néanmoins bel et bien eu un impact sur l'opinion publique concernant la votation, "lorsqu'on regarde les réponses jour par jour", souligne Martina Mousson. "Cela a créé une méfiance envers les chiffres communiqués par la Confédération. [...] Reste à voir si cette perte de confiance est durable ou si elle a été momentanée autour du sondage réalisé."
"Le constat principal pour le deuxième pilier, selon les deux sondages, est que les opinions ne sont pas encore faites. La campagne va avoir un grand rôle à jouer dans les décisions", a encore ajouté la politologue, relevant qu'il s'agissait d'une votation compliquée et "pas facile à comprendre".
Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web: iar
Méthode
Première session de l'enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 22 septembre 2024, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 29 juillet et le 12 août 2024 auprès de 12'332 titulaires du droit de vote.
A relever que le sondage a été réalisé en partie avant l'annonce le 6 août de la grosse erreur de calcul de l'OFAS sur le financement des rentes de l'AVS. Le jour médian de l'enquête est le 4 août.
La plage d'erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.
>> Lire également : L'Office fédéral des assurances sociales se trompe de 4 milliards dans les projections des dépenses de l'AVS
Réforme de la LPP largement rejetée, selon un premier sondage Tamedia
Selon un sondage publié mercredi par le groupe Tamedia, la réforme de la LPP recueille seulement 33% de "oui" ou "plutôt oui", contre 59% de "non" et "plutôt non" avec 8% d'indécis. Cette enquête d'opinion a été réalisée entre le 7 et le 8 août, soit juste après l'annonce par l'OFAS de la bourde sur le financement des rentes AVS. Cela pourrait expliquer l'écart très important (16 points) dans le soutien à la réforme de la LPP entre les deux sondages.