En 2023, plus de 50'000 cas de phishing - ou "hameçonnage" - ont été dénoncés à Berne. Et les montants escroqués dépassent déjà deux millions de francs pour 2024 en Suisse romande. Dans le seul canton de Neuchâtel, les plaintes liées à ce type d'arnaque ont augmenté de 375% en l'espace de deux ans.
Avec l'essor des nouvelles technologies de paiement rapide, elles sont de plus en plus difficiles à cerner et surtout rapides à réaliser. Il suffit souvent d'un simple code QR ou un SMS pour confirmer un paiement. Et dans ce contexte, une nouvelle pratique se développe: créer la confiance via des numéros suisses qui imitent de vrais services.
Compte entièrement vidé
C'est ce qui est arrivé à Valérie, qui témoigne auprès du 12h45. Elle a tout d'abord reçu un appel de la part du numéro du service client de sa banque. Un soi-disant conseiller lui demande alors de réaliser une opération impérative sur son e-banking pour bloquer un compte qui est en train d’être piraté.
D'abord méfiante, la Suissesse est vite rassurée. "Il répondait à toutes mes questions. Il connaissait énormément de choses sur moi, mon numéro de carte où il manquait juste deux chiffres, l'adresse e-mail de mon mari, ou notre adresse", explique-t-elle.
Pourtant, quelques minutes après, on lui transmet un code à scanner. Et 30 secondes plus tard, son compte est entièrement vidé. "On se sent humilié, comme après un cambriolage", confie-t-elle. Et elle n'est pas la seule: d'autres personnes ont contacté la RTS pour faire part de mésaventures similaires, avec parfois d'énormes montants dérobés.
"Libérer la parole"
Isabelle, quant à elle, s'est faite avoir par une autre technique: des faux onglets pop-up qui font croire à une panne généralisée d'un ordinateur, et qui vous incitent appeler le numéro d'un prétendu dépanneur. "J'ai directement appelé ce numéro, parce que c’était un 022. Je n'aurais jamais dû faire ce qu'il me disait. Ça aurait dû me faire tilt qu'il y avait quelque chose de bizarre", fulmine-t-elle.
Pour contrer cette vague de phishing, la police neuchâteloise veut libérer la parole. "Ça peut arriver à tout le monde", souligne Daniel Favre, chargé de la prévention. "Plus les gens vont en parler, plus ils vont faire attention."
Jan Haesler/jop