Les assurances pourraient bientôt utiliser les factures des assurés pour faire de la prévention
L'assurance maladie obligatoire a essentiellement pour mandat de régler le remboursement des soins de santé. Elle ne s'occupe aujourd'hui que très peu de la prévention.
Pourtant, les assureurs verraient d'un bon œil un élargissement de leurs compétences. Selon eux, cela permettrait de faire baisser les coûts de la santé, alors qu'une nouvelle hausse des primes maladie a été annoncée pour 2025.
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Des conseils personnalisés
Une proposition en ce sens est en discussion depuis plusieurs mois aux Chambres fédérales à Berne.
Elle veut permettre aux assureurs d'adresser des conseils de santé personnalisés en rappelant, par exemple, aux diabétiques d'aller chez le podologue, en recommandant un contrôle préventif pour certains types de cancer ou encore en alertant sur un possible surdosage de médicaments.
"Interdire aux assureurs de faciliter ce type de prévention est une occasion manquée. Les assureurs ont une vue d'ensemble que les médecins n'ont pas toujours", estime Gaël Saillen, responsable des affaires publiques chez Helsana, interrogé dans La Matinale de la RTS.
En cas de modification de la législation, les caisses maladie seraient autorisées à exploiter les factures des assurés afin de cibler les offres.
Pas le rôle des assureurs
Mais pour la conseillère nationale vaudoise Brigitte Crottaz, les assureurs sortiraient ainsi de leur rôle. "Un patient qui a un diabète et qui est suivi par un généraliste ou un diabétologue reçoit déjà les mesures de prévention adéquates par [ces médecins]. Ils en savent bien plus que les assureurs, qui n'ont absolument aucune formation dans ce domaine", souligne la socialiste.
Les assureurs sont censés "contrôler les factures et s'assurer qu'il n'y a pas de surfacturation ou d'erreurs de facturation", un mandat qu'ils "peuvent clairement améliorer" et "qui peut même conduire à une maîtrise des coûts s'ils font correctement leur travail", ajoute Brigitte Crottaz.
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Afin de prévenir les réticences, une seconde version moins contraignante, dans laquelle les assurés peuvent renoncer à recevoir des conseils de la part de leur assureur, a été élaborée. Le Conseil national devrait en débattre en décembre, lors de la session d'hiver.
Sujet radio: Céline Fontannaz
Adaptation web: iar