Parfois, les aides supposées à la conduite la parasitent, voire la rendent risquée. Un auditeur de l’émission On en parle a récemment acquis une voiture électrique neuve, bardée d'équipements d'aide à la conduite. Au fur et à mesure de l'utilisation de son nouveau véhicule, il constate plusieurs problèmes.
Freinages et ralentissements dangereux
Par exemple, sur un embranchement d’autoroute, le tempomat adaptatif (cruise control ou régulateur de vitesse) ainsi que la caméra captent un panneau indiquant la limite à 80 km/h et font brusquement ralentir la voiture de 120 à 80 km/h. Autre problème, le freinage d'urgence. "On ne sait pas pourquoi, tout d'un coup il y a sur l'écran un rectangle qui apparaît où il est indiqué: "Freinage d'urgence momentanément inactif." On sait qu'en conduisant une voiture électrique, dès qu'on lâche le pied, elle freine toute seule. On n'a pas besoin de freiner mais tout de même, cela laisse perplexe."
L'auditeur décide de signaler ces freinages et ralentissements intempestifs dangereux. "Le technicien me dit ‘c'est une option, vous n'avez pas besoin de l’utiliser.’ Nous avons amené la voiture dans plusieurs garages et centres auto, les mécanos sont aussi démunis. Ils ont mentionné le problème à Mercedes Suisse et pour l'instant, selon eux, il n'y a pas de solution. On se sent comme un cobaye et on se rend compte que le véhicule n'est pas abouti."
Les automobilistes cobayes?
Pour Julien Broquet, vice-président central ACS, avocat membre du réseau des avocats de la route, "on constate avec ce témoignage qu'aujourd'hui, les véhicules mis sur le marché ne sont effectivement pas encore au point. On ne peut pas faire totalement confiance à leur technologie, qui est en cours de développement. Donc oui, on a l'impression d'être pris pour des cobayes en testant ces éléments sans être au courant de leurs imperfections", dit-il dans l'émission On en parle du 22 mai 2024.
Pour améliorer leurs systèmes, les constructeurs automobiles collectent des données des conducteurs et conductrices, notamment via la boîte noire des véhicules. "Nous sommes en quelque sorte acteurs de ce développement à travers nos expériences, nos problèmes, nos tracas de circulation. Si on nous demande justement de transmettre ces données, c'est pour améliorer ces situations et ces logiciels. Parce qu'on sait très bien qu'aujourd'hui, les logiciels ne sont pas encore aboutis".
Idem pour Jean-Bernard Chassot, directeur de la Fédération romande des écoles de conduite. "Nous sommes de perpétuels cobayes – nous essayons et nous testons des véhicules depuis de nombreuses années déjà. Il faut apprendre à utiliser correctement ces aides à la conduite. J'incite les automobilistes et conducteurs à prendre des cours auprès d'un professionnel", précise-t-il, interrogé dans l’émission On en parle.
Un manuel d’utilisation à consulter
Pourquoi les constructeurs ne préviennent-ils pas mieux les automobilistes lors de la vente du véhicule? "Le constructeur fait comme tout fabricant de produits : il fournit un manuel d'utilisation du véhicule, comme lorsqu'on achète un nouveau smartphone, et puis c'est à l’acheteur de se débrouiller", conclut Jean-Bernard Chassot.
À noter que la législation actuelle stipule que le conducteur est tenu comme seul responsable en cas d’accident causé par un système d'autopilotage.
Sujet radio: Didier Bonvin et Philippe Girard
Adaptation web: Myriam Semaani