La bouteille en verre consignée tente de faire son retour en Suisse romande. Plusieurs projets pilotes ont été lancés, alors qu'actuellement, 90% des bouteilles en verre passent par les points de tri.. Depuis plus de trois ans, le magasin Bio Bulk à Lausanne propose ce type de produit.
Selon sa gérante Françoise Maden, le principe est simple. "Le client paie une consigne entre 50 centimes et 1 franc. Quand il revient avec le contenant vide, on lui remet cet argent." Ce procédé ne génère pas de déchet, puisque c'est un verre qui peut être réutilisé et relavé plusieurs fois, explique-t-elle mercredi dans le 19h30 de la RTS.
"C'est important, ça fait partie de l'idée de recyclage total", affirme un des clients, convaincu.
La filière de la réutilisation du verre
Chaque année, l'association vaudoise Réseau Consignes lave près de 100'000 bouteilles à environ 70 degrés pendant cinq minutes. Pour mettre cela en perspective, une bouteille en verre destinée au recyclage doit être fondue à 1600 degrés durant plusieurs heures.
Le verre jetable, qui n'est utilisé qu'une seule fois, présente un impact environnemental plus défavorable que les emballages en plastique, prévient Hervé Le Pezennec, fondateur de Réseau Consignes: "Parce que c'est plus lourd, donc avec le transport, il a un bilan écologique pire que le PET. Le plus intéressant, c'est le verre réutilisé."
Les grandes surfaces s'y mettent aussi
Face aux préoccupations environnementales des consommateurs et consommatrices, la consigne attire désormais l’attention des grandes surfaces. Du côté alémanique, près de 300 magasins Coop proposent déjà une bouteille de lait consignée.
En Suisse romande, seuls deux supermarchés Migros à Genève ont franchi le pas avec une bouteille d'eau. "Au départ, cela a commencé timidement, mais aujourd'hui, nous avons des clients fidèles qui viennent spécialement à la Migros pour acheter des bouteilles d'eau consignées", observe Lionel Brasier, directeur supermarchés, gastronomie et filières de Migros Genève.
D'ici à la fin de l'année, la filiale a prévu de mettre d'autres produits consignés sur le marché. Selon lui, dorénavant, la balle est dans le camp des consommateurs. Plus il y aura de personnes qui opteront pour des emballages consignés, plus cela ouvrira la voie au développement d'alternatives supplémentaires.
Mais pour que la consigne fasse son grand retour, elle doit également être rentable économiquement. Dans le canton de Vaud, par exemple, on estime qu'il faudrait environ 1 million de bouteilles par an pour que le verre réutilisé soit moins cher que le verre neuf.
Sujet TV: Garance Aymon
Adaptation web: Miroslav Mares
Faut-il croire à un retour de la consigne?
En Suisse, deux obstacles se dressent pour la réintroduction à grande échelle des bouteilles consignées. Le premier concerne les habitudes des consommateurs, qui devraient être totalement revues. Certes, la consigne a déjà existé en Suisse jusqu'aux années 80-90, où la réutilisation était la norme en raison du coût des emballages. Cependant, depuis lors, le plastique a bouleversé nos habitudes. Il est plus léger pour le transport des marchandises et incassable. Revenir en arrière nécessiterait une volonté collective.
Le deuxième défi réside dans les infrastructures à développer, notamment pour la collecte et le nettoyage des contenants consignés.
De plus, l'idée ne fait pas l'unanimité. À l'échelle mondiale, la vente de boissons dans des bouteilles en plastique domine largement. En 2019, seulement 220 milliards de bouteilles en verre ont été vendues, contre 540 milliards de bouteilles en plastique.