La Confédération et les cantons participent aujourd’hui à environ 50% du financement du trafic régional. Cependant, le subventionnement versé in fine varie fortement d’un canton à un autre. Par exemple, dans le canton de Genève, densément peuplé et avec peu de lignes régionales, le financement assuré par la Confédération représente moins de 3% des subventions totales de ses transports publics. En revanche, dans le Jura, cette contribution s'élève à 74%, souligne vendredi La Matinale de la RTS.
La rentabilité en jeu
"Chaque franc en moins que la Confédération met pour le trafic régional du Jura se traduirait par des effets massifs", s'inquiète David Asseo, délégué aux transports dans le canton du Jura. Certaines lignes de bus ou de trains seraient sur la sellette, notamment celles qui parcourent de longues distances avec une faible fréquentation et qui sont souvent peu rentables.
Pour qu'elles puissent être exploitées, la Confédération finance une partie du déficit d'exploitation, mais sous certaines conditions: elle ne subventionne que les lignes qui atteignent un certain degré de couverture et de fréquentation. C'est ce seuil que le Conseil fédéral souhaite modifier afin de réduire sa part de financement. "Le canton du Jura serait en très grande difficulté pour compenser ce retrait de la Confédération, cela se traduirait immanquablement par une baisse de l'offre, voire la fermeture totale de lignes", indique David Asseo.
Des millions supplémentaires à trouver
Pour l'heure, les cantons ne savent pas encore quelle sera l'ampleur de cette modification. La RTS a contacté plusieurs services cantonaux de la mobilité, qui travaillent déjà sur plusieurs scénarios et s'attendent à devoir compenser ces pertes de subventions. Le canton du Valais table lui sur 8 millions supplémentaires à sa charge. Selon l'ingénieur cantonal valaisan, Vincent Pellissier, "ce sera au détriment d'autres choses. Si nous gardons la même quantité, nous devrons diminuer la qualité de la desserte".
Casser un système
Pour les directeurs des services de mobilité contactés, le signal envoyé par la Confédération est mauvais. Cela reviendrait à "casser" un système de mobilité régionale qui a fait ses preuves et qui permet d'éviter la création de déserts de transports publics dans certaines zones plus reculées. "La dimension sociale ou sociétale du transport public dans un canton alpin n’est pas considérée. Nous, nous avons tendance à réfléchir avec le cœur et pas seulement avec le porte-monnaie", commente Vincent Pellissier.
Le Conseil fédéral doit désormais élaborer un projet qui devrait être mis en consultation auprès des milieux intéressés en 2025. Le gouvernement transmettra ensuite son message au Parlement, qui aura le dernier mot.
Gabriela Cabré/miro