Les CFF veulent passer d'un système conçu pour les pendulaires à un modèle plus flexible
Les habitudes des usagers ont "vraiment changé", souligne Vincent Ducrot vendredi dans la Matinale. Le patron des CFF cite plusieurs évolutions: moins de monde aux heures de pointe, notamment le vendredi pour cause de télétravail, davantage de passagers le week-end et davantage de voyageurs sur les lignes internationales.
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Ces changements sont "un vrai défi", admet Vincent Ducrot "parce que notre système a été conçu comme un système de pendulaires et aujourd'hui, il faut répondre à une nouvelle demande, par exemple les gens qui rentrent du ski le dimanche soir".
"Aujourd'hui, c'est très difficile parce que le système n'est pas conçu de manière suffisamment flexible", estime le patron des CFF. "On essaie de faire des trains spéciaux, mais c'est un peu la croix et la bannière", souligne-t-il, citant toutefois l'exemple des trains directs de Genève vers les stations de ski valaisannes, très bien remplis.
Un système à repenser
Vincent Ducrot souhaite mieux s'adapter à la demande, qui peut changer notamment en fonction de la météo. "Mais aujourd'hui, ce n'est simplement pas possible parce que le système a été conçu, pensé par les autorités politiques (...) du lundi au dimanche de manière cadencée, régulière."
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Une hausse du prix des billets en fonction de la fréquentation est-elle envisagée dans cette réflexion? "Non", répond Vincent Ducrot. "Ce n'est pas du tout le modèle en Suisse parce qu'aux heures de pointe, les prix seraient beaucoup plus élevés, comme on le voit dans d'autres pays", souligne-t-il. Pour le patron des CFF, il faut que le train reste aussi attractif durant les heures plus fréquentées. "On travaille plutôt sur des modèles où on réduit les prix en dehors des heures de pointe. C'est un choix politique. Je pense que c'est le choix judicieux."
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Lausanne, bon exemple de planification de la mobilité
Vincent Ducrot met en avant Lausanne comme bon exemple de planification de la mobilité, avec "des métros, des trams et une vraie politique intégrée avec différents niveaux de systèmes de transport".
"Ce n'est pas le cas partout", souligne le directeur des CFF, citant Zurich, qui a misé "essentiellement sur le train". "Aujourd'hui, on arrive à la limite de la capacité du réseau. Il faut beaucoup d'argent pour finalement augmenter de peu le nombre de gens qu'on transporte."
Economies en vue
La Confédération demande aux CFF d'économiser six milliards durant ces six prochaines années, qui vont notamment décaler dans le temps certains investissements dans des domaines annexes aux chemins de fer. Vincent Ducrot mise également sur la digitalisation, notamment en automatisant toutes les gares.
Mais le directeur des CFF tient à rassurer: les guichets seront maintenues à l'avenir, également à l'extérieur des grands centres urbains, car ils sont devenus un réseau de services. Vincent Ducrot précise qu'il n'est pas question de suppression de postes, au vu de la croissance du trafic, ces prochaines années.
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Interview radio: Delphine Gendre
Adaptation web: Julie Liardet
Patron et papa, comment tout gérer?
Père de sept enfants, Vincent Ducrot admet que c'est "un très gros défi". Interrogé vendredi dans la Matinale, il souligne "l'excellente organisation" avec son épouse. Pouvoir concilier une vie de famille et un travail prenant "c'est ce qui me rend fort", poursuit le directeur des CFF.
Vincent Ducrot souligne qu'il fait des sacrifices, par exemple moins dormir. Il cite également l'importance de déléguer une partie du travail à ses collaborateurs et leur faire confiance.