Eliseu est arrivé seul d'Angola lorsqu'il était adolescent. La Confédération refuse toutefois de lui octroyer le statut de réfugié. "A l'âge de 18 ans, comme j'ai atteint la majorité, mon statut a changé. Je n'étais plus un mineur non accompagné qui arrivait en Suisse et qui cherchait du soutien, et ils ont décidé de me renvoyer", raconte-t-il.
"Sauf qu'on a fait recours, et depuis c'est recours sur recours." Face à cette incertitude perpétuelle, Eliseu n'arrive pas à vivre sereinement. "Physiquement, ça va, mais c'est mentalement le problème. Rester inactif sans travailler, sans pouvoir faire de formation (...) c'est une vie pleine de souffrance. Je me demande qui je devrais être."
Souvent, les options qu'un sans-papiers a pour pouvoir subvenir à ses besoins, c'est le trafic dans la rue
"Je n'ose même plus penser au lendemain, parce que ça fait 10 ans que je vis dans cette situation. Si je me remplis de beaucoup d'espoir, je pourrais très vite m'effondrer", explique celui qui rêverait de devenir avocat ou médecin.
Mais cette perspective semble bien lointaine pour Eliseu. "Quand t'es un sans-papiers (...) tu ne gagnes pas ta vie et tu dois te débrouiller seul. Et souvent, les options qu'un sans-papiers a pour pouvoir subvenir à ses besoins, c'est le trafic dans la rue."
Etudier la médecine à l'université
Sarah a de son côté connu une trajectoire toute autre. Elle a fui son pays aux mains des talibans avec son père, menacé de mort. "Ils nous ont forcés à arrêter l'école, sinon on se faisait tuer", explique-t-elle. "En Afghanistan, on dit que la Suisse, c'est l'image du paradis. C'est vert, c'est beau. "
Nous, les migrants, nous sommes poussés à faire des apprentissages, ce qui n'était pas du tout mon but. Et je me suis battue pour aller au gymnase
Arrivée mineure non accompagnée, Sarah a désormais le statut de requérante d'asile et étudie au gymnase depuis quatre ans. "J'ai commencé par la culture générale, mais vu mes notes, qui étaient bien, je suis passée en maturité. Actuellement, je suis en troisième année de maturité."
Ce parcours est loin d'aller de soi. "Nous, les migrants, nous sommes poussés à faire des apprentissages, ce qui n'était pas du tout mon but. Et je me suis battue pour aller au gymnase." Et Sarah ne compte pas s'arrêter là: "Plus tard, j'aimerais bien faire médecine. Je m'y suis inscrite." Elle n'a pas de peine à se projeter: "Dans cinq ans, je me vois à l'université en train d'étudier comme une malade."
asch