Les eaux minérales de Nestlé mises en cause dans une enquête du Monde et de Franceinfo
Selon une enquête conjointe du journal Le Monde et de Franceinfo parue jeudi, l'Anses a constaté de multiples contaminations dans les eaux commercialisées par le groupe Nestlé, notamment via ses marques Perrier, Vittel ou encore Contrex.
Un rapport de l'agence française met en évidence plusieurs contaminations d’origine fécale et une présence notable de micropolluants, dont les PFAS, surnommés "polluants éternels". De plus, l’agence a noté un manque de suivi de la contamination virale de l’eau. L’Anses estime que la qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé n’est pas garantie et qu'une surveillance plus large est nécessaire.
Face à ces constatations, les experts sanitaires recommandent la mise en place d’un plan de surveillance renforcé, en particulier pour le risque sanitaire virologique. Ils rappellent également un incident survenu en Espagne en 2016, lors duquel un norovirus dans l’eau embouteillée avait déclenché une épidémie de gastroentérite affectant plus de 4000 personnes.
Nestlé ne rappelle pas ses bouteilles
Sollicitée par AWP, Nestlé Waters indique que "la note de l'Anses à laquelle les médias font référence n'a pas été portée à notre connaissance et nous ne sommes pas en mesure de la commenter".
La filiale "réaffirme à nouveau que la qualité et la sécurité alimentaire de ses eaux minérales naturelles a toujours été garantie et reste notre priorité absolue", ajoutant qu'"aucun rappel produit n'est donc requis."
A l'inverse, l'ONG de défense des droits des consommateurs Foodwatch, qui a porté plainte en février contre la multinationale romande en France après que Nestlé a reconnu avoir traité ses eaux minérales pourtant étiquetées naturelles, demande le rappel des bouteilles.
Critiques sur le manque de transparence
"Dès la première constatation de pollution de ses sources, Nestlé Waters aurait dû en interrompre sans délai l'exploitation et la commercialisation, c'est la loi. Pourquoi ces eaux frauduleuses n'ont-elles pas été rappelées et exclues du marché?", s'interroge dans un communiqué jeudi Ingrid Kragl, directrice de l'information chez Foodwatch.
Elle souligne qu'"aucune information n'a été communiquée aux consommateurs et consommatrices ni par Nestlé ni par les autorités. C'est grave."
En janvier, la multinationale romande avait reconnu avoir recouru à des traitements interdits d'ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux minérales pour maintenir "leur sécurité alimentaire". En Suisse, le filtrage de l'eau d'Henniez a été caché durant des années par Nestlé Waters, avait affirmé l'Office de la consommation (OFCO) du Canton de Vaud.
Sujet radio: Virginie Langerock et Pauline Rappaz
Adaptation web: agences/miro
Réactions du canton de Vaud
D’après Christian Richard, chimiste cantonal du canton de Vaud, la présence de micropolluants dans certaines eaux minérales n’est pas surprenante. Elle est due "à la pression liée aux activités humaines subie de manière générale par l’environnement", a-t-il répondu jeudi par e-mail à la RTS.
Il rappelle que les minéraliers suisses ont déjà fait des déclarations à ce sujet et que l'eau minérale d’Henniez répond à ce jour aux normes européennes relatives aux substances anthropiques.
Il relève que la situation de l’eau minérale d’Henniez n’est pas comparable à celle observée en France. "En effet, la conformité légale relative aux aspects bactériologiques n’a jamais été remise en cause et Nestlé Waters n’a donc pas eu recours à des traitements par ultraviolets visant à désinfecter son eau, comme cela a été le cas en France", affirme-t-il.