Les employés intérimaires ont 50% d'accidents au travail de plus que les fixes

La Caisse nationale d’assurance accidents (Suva) a répertorié plus de 15'000 accidents du travail par des intérimaires en 2023. Parmi eux, plus de 2000 sont des accidents graves, entraînant plus de trois mois d'absence. La tendance augmente, alerte l'assureur.

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Entre les frais médicaux et les indemnités journalières, ces accidents représentent des coûts humains et économiques. Selon la Suva, ces accidents coûtent 127 millions de francs par année en moyenne, soit environ 7500 francs chacun.

Responsabilité partagée

Cette quantité d'accidents s'explique parfois par le manque d'équipement pour protéger ces travailleurs et par la pénurie de main d'oeuvre qui augmente leur risque de manquer de formation et d'accompagnement face aux dangers du métier. Un responsable de chantier a par exemple vu débarquer un jeune en tongs.

Aux yeux de la loi, l'entreprise qui engage ces intérimaires est responsable de les former et de les encadrer, comme n'importe quel employé à durée indéterminée. Mais les agences de placements ont aussi leur part de responsabilité. Elles restent formellement leur employeur et doivent donc traiter ces intérimaires comme leurs propres employés, en les affiliant à des travaux selon leurs capacités et leurs connaissances.

Précarité des conditions

Le secteur temporaire est un marché ultra concurrentiel en Suisse, avec une densité très élevée: 900 entreprises de placement et 7000 agences dénombrées en 2021. En 2022, 430'000 employés étaient intérimaires, selon l'association faîtière Swissstaffing.

Ce secteur reflète la situation économique des entreprises. Les intérimaires sont les premiers salariés à devoir rentrer à la maison quand les affaires ralentissent. Ce sont aussi eux qui sont engagés dès que la confiance repart. Ces postes sont flexibles: ils jouent un rôle de tampon dans le monde du travail.

Deux réalités se côtoient. Aujourd'hui, certains secteurs subissent une pénurie de main d'oeuvre alors que d'autres licencient. Cela se ressent dans les résultats des sociétés de placement en recul depuis 2023. Un nouveau risque se profile à l'horizon, de type sociétal. De plus en plus d'infirmiers et infirmières donnent leur démission et se tournent vers le travail intérimaire, alors que leur secteur souffre déjà d'une importante pénurie de personnel.

Ceci accroît la pression sur les employeurs, qui ont de moins en moins de temps pour bien intégrer et encadrer leurs collaboratrices et collaborateurs, expliquant la hausse de 50% des accidents des intérimaires.

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Sujet radio: Dominique Choffat

Adaptation web: juma