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Les gagnants et les perdants de la réforme des retraites

Notre série d'exemples sur les effets de la réforme de la LPP. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
lppreforme.jpg - [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Cotiser plus et gagner plus? Cotiser plus et gagner moins? Découvrez les effets de la réforme du 2e pilier avec notre série d'exemples à une dizaine de jours de la votation.

Qui perd et qui gagne avec la réforme de la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle (LPP)? La question est brûlante, mais complexe.

En cas de oui le 22 septembre, l'épargne vieillesse donnera droit à une plus petite retraite qu'aujourd'hui. Le but: adapter le système à la hausse de l'espérance de vie qui pèse sur son financement.

Derrière cette mesure phare, le texte prévoit aussi plusieurs remaniements pour mieux assurer une partie de la population. Ceux-ci modifient notamment le montant des cotisations, et donc l'épargne, en fonction de l'âge et du salaire des assurés.

Pour y voir plus clair, nous avons sorti notre calculatrice et évalué la situation de quatre salariés fictifs. Ceux-ci sont assurés selon le minimum légal, directement impacté par la réforme et qui concerne entre 15 et 30% des Suisses. Nous imaginons qu'ils travaillent jusqu'à 65 ans sans interruption avec une évolution salariale de 1% par an (voir méthodologie en encadré).

Cotiser plus et gagner plus

Diane, 23 ans, entame sa carrière professionnelle. Elle commencera à épargner pour sa retraite en 2026, année de l'entrée en vigueur supposée de la réforme. La jeune femme gagne aujourd'hui environ 3000 francs par mois. Elle fait partie de ces personnes à temps partiel que les autorités veulent mieux assurer.

A 65 ans, en plus de l'AVS, Diane touchera une rente 2e pilier de 1135 francs par mois, soit près du double qu'avec le système en vigueur. En revanche, elle paiera aussi nettement plus de cotisations durant sa vie active. Son salaire net sera amputé en moyenne de 100 francs de plus qu'avec le système actuel. Son employeur devra lui aussi débourser ce montant.

Cotiser plus et gagner moins

Charles, 38 ans, touche lui 5385 francs par mois et a déjà accumulé un capital vieillesse de 60'000 francs. La réforme risque de ne pas lui plaire.

Son salaire net baissera en moyenne 25 francs avec la réforme du Parlement. Mais le principal coup dur arrivera à l'heure de la retraite: malgré la hausse de ses cotisations, Charles verra sa rente LPP diminuer de 100 francs par mois par rapport au système en vigueur.

Cotiser moins et gagner moins

Jacqueline, 53 ans, gagne 6540 francs par mois et compte un capital vieillesse de 150'000 francs. Comme la réforme prévoit d'abaisser les cotisations à partir de 55 ans, elle devra, comme son employeur, débourser 50 francs par mois de moins pour son épargne vieillesse.

Conséquence, sa retraite se trouvera réduite. Malgré un supplément prévu pour protéger les retraites de la génération transitoire (voir glossaire en début d'article), Jacqueline touchera 170 francs de moins chaque mois à partir de 65 ans.

Cotiser moins et gagner plus

Gérard, 60 ans, reçoit le même salaire que Jacqueline. Il a aussi accumulé un capital de 150'000 francs. Mais, plus proche de la retraite, il devrait bénéficier d'un meilleur supplément pour la génération transitoire.

Sa retraite augmenterait ainsi d'environ 50 francs par mois, alors que ses cotisations mensuelles diminueraient également de 50 francs à partir de 2026.

Au final, comme le montrent ces exemples, le remaniement du système peut grandement influencer sa situation financière, dans l'immédiat et à la retraite. Reste à savoir s'il convaincra la population le 22 septembre.

>> Le débat d'Infrarouge sur la réforme du 2e pilier: :

Réforme du 2e pilier, arnaque ou martingale ?
Réforme du 2e pilier, arnaque ou martingale ? / Divers / 61 min. / le 4 septembre 2024

Valentin Tombez

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Comment nous avons calculé les rentes LPP

Ces exemples sont basés sur le minimum légal. Les salaires annuels examinés se situent en dessous de 88'200 francs. Tout revenu supérieur à ce montant entre dans le régime surobligatoire, qui est défini par chaque caisse de pension et ne permet pas d'avoir un modèle unique.

Les rentes et les cotisations dépendent de l'évolution de plusieurs paramètres, tels que les salaires, les prix et les intérêts sur le capital vieillesse, qu'il n'est pas possible de prévoir avec exactitude. Pour obtenir l'estimation la plus précise possible, sur conseil de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), nous avons utilisé le principe dit de la "règle d'or".

Cela consiste à supposer que les différents paramètres (salaire, seuil d'accès, déduction de coordination, etc.), décrits dans ce document, évoluent au même rythme. Nous avons fixé cette évolution à 1% chaque année, comme de nombreux spécialistes de la branche. De son côté, l'OFAS utilise un taux de 0% dans ses projections.

La réforme du Parlement prévoit que le supplément pour la génération transitoire soit dégressif à partir d'un certain capital vieillesse. Le barème dégressif ne sera établi qu'ultérieurement par le Conseil fédéral. Pour l'instant, nous avons donc utilisé la proposition de la commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats, consultable dans ce rapport (tableau 2).

Comme l'OFAS, nous comptons six mois de cotisations durant la 65e année.