Actuellement, 380 millions de francs par année sont versés aux régions qui doivent consentir à plus de dépenses à cause de leurs territoires en altitude ou en pente. Mais cette solidarité fédérale émane uniquement de la Confédération. Les cantons urbains, eux, ne participent pas à cette "compensation des charges, dues à des facteurs géo-topographiques".
Certaines voix voudraient que cela change, comme le suggérait ce week-end une politologue bernoise, interrogée par Blick. Pour elle, le mécanisme de répartition d'argent entre les cantons riches et pauvres — la péréquation financière — devrait peut-être à l'avenir intégrer le critère des dangers naturels.
"Les régions de montagne doivent continuer à exister"
Cette idée plaît à Christine Bulliard-Marbach, présidente du Groupement suisse pour les régions de montagne. "Il y a une solidarité qui doit faire foi, et il est clair que les cantons ne peuvent pas rester inactifs. Mais il faut toujours voir les capacités financières d'un canton. Il faut que la péréquation fasse foi, et rapidement", estime Christine Bulliard-Marbach dans La Matinale de la RTS.
"Les régions de montagne doivent continuer à exister, on en a besoin. Elles forment une grande partie de notre territoire. Elles attirent aussi du tourisme. C'est pourquoi il faut s'en occuper tout particulièrement. Il faut que les régions de montagne restent peuplées. Il faut se mettre autour de la table et voir comment on peut les aider", conclut la Fribourgeoise.
Lukas Rühli, du think tank libéral Avenir Suisse, ne partage pas le même avis. "Si, en raison des dommages imminents causés par le changement climatique, il devient encore plus coûteux de maintenir ces lieux en vie, cela finira par ne plus se justifier d’un point de vue économique", explique-t-il à la NZZ.
Chambouler le mécanisme de solidarité
Pour l'heure, un changement de système n'est pas à l'ordre du jour. La Conférence des directeurs cantonaux des finances rappelle que la péréquation tient compte uniquement du potentiel fiscal des cantons. Ajouter le critère des "dangers naturels" reviendrait à chambouler tout un mécanisme de solidarité qui a fait ses preuves.
La tâche de soutenir les cantons sujets à des dangers naturels revient à la Confédération, qui, en plus de la compensation des charges, cofinance des travaux pour prévenir les dégâts. Cela représente des millions par année de subventions pour la construction de digues ou l'élargissement de rivières.
La Confédération met aussi à disposition la protection civile ou l'armée en cas de catastrophes. Lors de tels événements, les cantons prêtent parfois gratuitement leurs pompiers à leur voisin en situation de crise. Cette aide n'est cependant pas prévue par la loi, mais est offerte à bien plaire.
Romain Carrupt/asch