Les jeunes prêts à faire des efforts au quotidien pour le climat, mais pas à renoncer à l'avion
Alors que les vacances d'été arrivent, nombre de Suissesses et de Suisses vont prendre l'avion pour changer d'air. Selon une étude de Comparis publiée début mai, 46% des Helvètes qui partiront en vacances ont choisi ce moyen de transport, contre 34,4% pour la voiture et 14,6% pour le train.
Et les jeunes sont les plus friands des vols estivaux: 51,6% des 18-35 ans ont opté pour un vol, contre 43,4% pour les personnes âgées de 36 à 55 ans et 43,2% pour les 56 ans et plus. Les citadins et les personnes à revenu élevé sont également plus nombreux à choisir la voie des airs.
En outre, les plus jeunes sont 54% à vouloir voler au moins deux fois en 2024, contre 38% du groupe le plus âgé. Et seule une personne sur cinq entre 18 et 35 ans va renoncer complètement à prendre l'avion cette année. Ils sont presque deux fois plus nombreux (38%) parmi les plus de 56 ans.
D'autres efforts
Faut-il voir dans ces chiffres une contradiction flagrante entre les déclarations d'intention et les agissements réels? Nombre de jeunes ont en effet dénoncé à de multiples reprises les méfaits de l'aviation durant les marches pour le climat.
Mais au moment de partir en vacances, les moins de 35 ans interrogés dans le 19h30 de la RTS disent préférer faire d’autres efforts pour le climat: "J'ai diminué ma consommation de viande", dit l'une. "J'essaie de ne pas prendre la voiture", abonde un autre. "Après un voyage en avion, j'essaie de compenser en partant en train", conclut une troisième.
Peut-on vraiment compenser?
Ces efforts permettent-ils réellement de compenser les émissions émises lors de trajets en avion? Par exemple, un séjour à Athènes, en Grèce, correspond à 3400 kilomètres aller-retour, soit 743 kilos de CO2 à compenser.
Se passer de viande et de poisson permet de diviser par trois son empreinte carbone. Dans l'assiette, les lentilles remplacent donc le poulet. Un régime à 0,5 kilo de CO2 qu'il faudra toutefois tenir à tous les repas jusqu’en août 2025!
Fini la viande, et fini la voiture également. Chaque année, nous émettons 1,7 tonne de CO2 par nos déplacements en voiture. Pour compenser le vol vers la Grèce, il faudrait aussi utiliser uniquement les transports en commun jusqu’en octobre prochain.
En outre, les plus jeunes y seront peut-être moins favorables, mais ils devront aussi regarder moins de séries en streaming, passer moins de temps sur les réseaux sociaux et envoyer moins d’e-mails. Ces activités nous font chacune émettre 443 kilos de CO2 par an et il faudra donc s'en passer jusqu’en février 2026.
Pas forcément une bonne idée
Toutefois, selon Victor Kristof, responsable du projet Climpact, compenser ses émissions n’est pas forcément une bonne idée. "C’est comme si on était face à une baignoire qui déborde et que d’un côté on enlève de l’eau et de l'autre on en ajoute."
C’est comme si on était face à une baignoire qui déborde et que d’un côté on enlève de l’eau et de l'autre on en ajoute
Pour le chercheur, "c’est uniquement quand on aura atteint la neutralité carbone" qu'éventuellement on pourra réfléchir à ce type de compensations, par exemple à opter pour une alimentation végétarienne afin de se permettre plus de voyages en avion.
La plupart des étudiants se disent d'ailleurs prêts à se passer de l’avion et à voyager, même au bout du monde, par le train.
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Sujet TV: Charlotte Onfroy-Barrier
Adaptation web: Frédéric Boillat