Les mauvaises habitudes des baigneurs dégradent la qualité des eaux des piscines publiques
L'été est enfin arrivé en Suisse. Les fortes chaleurs de ces derniers jours ont poussé nombre de Romandes et de Romands vers les plans d'eau, les piscines publiques notamment. Mais leur salubrité interroge parfois. Une étude de l'association des chimistes cantonaux, publiée en début d'été, révèle d'ailleurs que près d'une piscine sur deux a déjà rencontré des problèmes de qualité de l’eau.
Une douche pour minimiser l'impact
En cause, on retrouve notamment les trihalométhanes (THM), issus d'une réaction chimique entre le chlore et des substances organiques comme la sueur, la crème solaire ou les produits cosmétiques. A forte dose, cela peut avoir un impact sur la santé.
Pour Christian Barascud, président de l'association des piscines romandes et tessinoises, chaque baigneur et baigneuse peut contribuer à la qualité de l'eau en n'oubliant pas de prendre une douche avant de faire trempette.
"L'hygiène d'un bassin, c'est trois choses: la partie chimique, la partie technique et une très importante qu'on oublie souvent, l'hygiène de la clientèle", explique-t-il au micro de La Matinale. Autrement dit, il est impératif pour les clients d'une piscine de se doucher avant d'entrer dans l'eau, "parce qu'on transpire, parce qu'on peut transporter de l'urée, parce qu'on porte un certain nombre de saletés ou de parasites sur soi". Autant d'éléments qui peuvent interagir avec le chlore et dégrader la qualité de l'eau.
D'où l'importance, aussi, de porter des vêtements adaptés à la pratique aquatique. "Si je me jette dans l'eau avec mes vêtements en coton transpirant, ça ne va pas", illustre-t-il.
Teneur en chlorates régulièrement contrôlée
Autre problème pointé par les chimistes cantonaux: la teneur en chlorates. Ces produits toxiques sont issus de la dégradation naturelle au fil de la journée de l'eau de Javel - ou du chlore - utilisée comme désinfectant. Les enfants en avalent quand ils boivent la tasse. A des taux élevés, ils peuvent provoquer des problèmes sanguins.
Des machines permettent toutefois de mesurer précisément ces taux, comme le souligne Erwan Butay, responsable d'exploitation de la piscine de Bellerive. "Si on a un taux de chlore trop haut, une alarme va s'enclencher. Les pompes doseuses vont alors être coupées afin de revenir à un taux dans les normes." Sans compter les vérifications manuelles que l'exploitant opère deux fois par jour à l'aide d'une éprouvette.
Christian Barascud salue d'ailleurs cette forte réactivité des exploitants de piscines. "Dans les piscines publiques, il y a un tel protocole que la qualité de l'eau est garantie en tout temps. Quand il y a une non-conformité, c'est vite corrigé", se réjouit-il.
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Mêmes critères que l'eau potable
Et en plus des autocontrôles obligatoires, les exploitants de piscines sont contrôlés une fois par mois par un laboratoire cantonal. "En fonction des saisons, on va d'abord cibler plutôt les piscines extérieures, puis intérieures", note Yann Berger, chimiste cantonal à Neuchâtel. Il s'agit de tests qui peuvent être directement effectués sur place, mais aussi de tests plus en profondeur, "où l'on va prendre des échantillons pour pouvoir les analyser au laboratoire".
L'eau injectée dans les piscines publiques doit répondre aux mêmes critères que l'eau potable. Et ce, à tout moment de la journée. En cas de problème grave, un changement d'eau peut être ordonné, conclut le chimiste cantonal neuchâtelois.
Sujet radio: Agnès Millot
Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web: Fabien Grenon