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Les opposants à la réforme de la LPP dénoncent un texte en faveur de la finance et non des travailleurs

La gauche et les syndicats ont lancé mardi leur campagne contre la réforme du 2e pilier
La gauche et les syndicats ont lancé mardi leur campagne contre la réforme du 2e pilier / 19h30 / 2 min. / le 2 juillet 2024
La réforme de la prévoyance professionnelle qui sera soumise au peuple le 22 septembre ne profitera pas aux travailleuses et travailleurs, clame l'Union syndicale suisse (USS) qui a lancé mardi la campagne du non. Elle dénonce une réforme qui profitera avant tout au monde de la finance.

La réforme de la LPP prévoit un abaissement du taux de conversion - qui détermine le montant minimal de la future rente - dans la prévoyance professionnelle obligatoire de 6,8% à 6%. Les baisses de rente pourraient monter jusqu'à 3200 francs par an, calculent les référendaires.

En parallèle, le projet revoit à la hausse les déductions salariales obligatoires. Il en coûtera jusqu’à 2400 francs de plus par an aux employeurs ainsi qu'aux salariés. Résultat: les salaires nets baisseront tandis que les rentes diminueront. Pour les syndicats et la gauche, la réforme est donc inaboutie.

>> Plus de détails sur la réforme proposée : Le Conseil fédéral lance sa campagne en faveur de la réforme de la LPP

Aucune compensation

Le texte adopté par le Parlement en mars 2023 ne prévoit aucune compensation liée aux interruptions de carrière, ni à la répartition inégale du travail entre hommes et femmes.

Elle ne résout pas non plus le problème de la compensation du renchérissement, soulignent les opposants. Pourtant, depuis des années, tous les prix augmentent tandis que le montant des retraites du 2e pilier reste inchangé.

Ces trois dernières années, les rentes LPP ont perdu plus de 5% de leur pouvoir d'achat. Alors que le Parlement promet depuis des décennies de régler le problème, cette réforme n'y change rien, déplore encore le comité pour le non.

L'Union syndicale suisse lance sa campagne contre une réforme jugée ''injuste'' de la LPP. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
L’Union syndicale suisse en campagne contre la réforme de la LPP ‘‘Payer plus pour toucher moins, c’est non’’ / Le 12h30 / 1 min. / le 2 juillet 2024

Les femmes et les plus de 50 ans défavorisés

Cette révision équivaut à un projet de démantèlement qui entraînera une baisse des rentes pour les travailleurs dans la restauration, la construction, la vente ou les métiers artisanaux, a renchéri Vania Alleva, présidente d'Unia. Les plus durement touchés sont celles et ceux qui ont aujourd'hui 50 ans ou plus. Il faudra compter jusqu'à 271 francs de rente en moins par mois. "C'est un vol des rentes."

Par ailleurs, l'écart de pension entre les hommes et les femmes est énorme: il atteint 41% pour les foyers avec enfants, a rappelé la conseillère nationale verte zougoise Manuela Weichelt. Elle regrette aussi que la réforme ne reconnaisse toujours pas le travail non rémunéré, par exemple par l'introduction de bonifications pour tâches éducatives et d'assistance.

>> Lire sur ce sujet : Les institutions de prévoyance retrouvent les chiffres positifs

Des caisses de pension florissantes

Cette situation est d'autant plus difficile à admettre que les caisses de pension se portent financièrement très bien, a relevé le président de l'USS Pierre-Yves Maillard. "Elles gèrent une fortune de 1100 milliards de francs, soit 400 milliards de plus qu'il y a dix ans, et elles ont accumulé plus de 150 milliards de réserves", a-t-il déclaré devant la presse.

C'est le milieu de la finance - banques, courtiers et assureurs - qui en profitera le plus. La gestion des actifs financiers des caisses de pension coûte actuellement un peu plus de 8 milliards de francs, estime le co-président du PS Cédric Wermuth, qui rappelle que les frais de courtage dans ce domaine ne sont toujours pas réglementés.

>> Voir aussi : Payer plus pour une plus petite retraite? La réforme qui peut faire mal

Si la réforme le touche directement que la part obligatoire de la LPP, elle aura aussi des effets sur la part de prévoyance dépassant le minimum légal. Pour cette part supplémentaire, le taux de conversion moyen s'élève aujourd'hui à 5,3%. "Comme le taux légal de conversion pour la prestation minimale affecte aussi le régime surobligatoire, les caisses de pension auront encore plus de marge pour baisser leurs taux de conversion", a encore expliqué Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.

>> Voir l'interview de Pierre-Yves Maillard dans le 19h30 :

Réforme du 2e pilier : entretien avec Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse
Réforme du 2e pilier : entretien avec Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse / 19h30 / 4 min. / le 2 juillet 2024

ats/jop

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