Les opposants à la réforme de la LPP dénoncent un texte en faveur de la finance et non des travailleurs
La réforme de la LPP prévoit un abaissement du taux de conversion - qui détermine le montant minimal de la future rente - dans la prévoyance professionnelle obligatoire de 6,8% à 6%. Les baisses de rente pourraient monter jusqu'à 3200 francs par an, calculent les référendaires.
En parallèle, le projet revoit à la hausse les déductions salariales obligatoires. Il en coûtera jusqu’à 2400 francs de plus par an aux employeurs ainsi qu'aux salariés. Résultat: les salaires nets baisseront tandis que les rentes diminueront. Pour les syndicats et la gauche, la réforme est donc inaboutie.
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Aucune compensation
Le texte adopté par le Parlement en mars 2023 ne prévoit aucune compensation liée aux interruptions de carrière, ni à la répartition inégale du travail entre hommes et femmes.
Elle ne résout pas non plus le problème de la compensation du renchérissement, soulignent les opposants. Pourtant, depuis des années, tous les prix augmentent tandis que le montant des retraites du 2e pilier reste inchangé.
Ces trois dernières années, les rentes LPP ont perdu plus de 5% de leur pouvoir d'achat. Alors que le Parlement promet depuis des décennies de régler le problème, cette réforme n'y change rien, déplore encore le comité pour le non.
Les femmes et les plus de 50 ans défavorisés
Cette révision équivaut à un projet de démantèlement qui entraînera une baisse des rentes pour les travailleurs dans la restauration, la construction, la vente ou les métiers artisanaux, a renchéri Vania Alleva, présidente d'Unia. Les plus durement touchés sont celles et ceux qui ont aujourd'hui 50 ans ou plus. Il faudra compter jusqu'à 271 francs de rente en moins par mois. "C'est un vol des rentes."
Par ailleurs, l'écart de pension entre les hommes et les femmes est énorme: il atteint 41% pour les foyers avec enfants, a rappelé la conseillère nationale verte zougoise Manuela Weichelt. Elle regrette aussi que la réforme ne reconnaisse toujours pas le travail non rémunéré, par exemple par l'introduction de bonifications pour tâches éducatives et d'assistance.
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Des caisses de pension florissantes
Cette situation est d'autant plus difficile à admettre que les caisses de pension se portent financièrement très bien, a relevé le président de l'USS Pierre-Yves Maillard. "Elles gèrent une fortune de 1100 milliards de francs, soit 400 milliards de plus qu'il y a dix ans, et elles ont accumulé plus de 150 milliards de réserves", a-t-il déclaré devant la presse.
C'est le milieu de la finance - banques, courtiers et assureurs - qui en profitera le plus. La gestion des actifs financiers des caisses de pension coûte actuellement un peu plus de 8 milliards de francs, estime le co-président du PS Cédric Wermuth, qui rappelle que les frais de courtage dans ce domaine ne sont toujours pas réglementés.
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Si la réforme le touche directement que la part obligatoire de la LPP, elle aura aussi des effets sur la part de prévoyance dépassant le minimum légal. Pour cette part supplémentaire, le taux de conversion moyen s'élève aujourd'hui à 5,3%. "Comme le taux légal de conversion pour la prestation minimale affecte aussi le régime surobligatoire, les caisses de pension auront encore plus de marge pour baisser leurs taux de conversion", a encore expliqué Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.
ats/jop