Les poussins mâles éliminés dans l'œuf dès 2025 pour éviter de les tuer à la naissance
Grâce à la détermination du sexe in-ovo, il est possible de voir à l’intérieur de l'oeuf afin de déterminer le sexe de l'embryon. Le processus repose sur une technologie d'imagerie intelligente qui combine l'imagerie par résonance magnétique (IRM) accélérée et l'intelligence artificielle (IA). L'investigation a lieu le 11e ou 12e jour de l'incubation, c'est-à-dire avant que l'embryon ne commence à ressentir la douleur, a indiqué la filière vendredi.
"C'est la filière dans son ensemble qui fait ce pas", a précisé vendredi soir dans l'émission Forum le président de la faîtière GalloSuisse Daniel Würgler. La Suisse devient ainsi le premier pays au monde dans lequel tous les producteurs sont parvenus à se mettre d’accord sur cette solution "adaptée sur les plans écologique, économique et éthique", met en avant la faîtière. Elle permet de faire "un énorme pas en avant" et constitue "une étape clé" sur un sujet éthiquement controversé, se félicite-t-elle. "Nous sommes au début d'une belle route", abonde Daniel Würgler.
Il restera 2% de poussins mâles
Il n'y aura donc plus de poussin mâle éliminé au premier jour de vie, car tous les œufs suisses seront "soit issus de la détection du sexe dans l'œuf, soit des œufs issus de la filière bio", cette dernière ayant pris l'option d'élever les poussins mâles [lire plus bas], poursuit Daniel Würgler.
Quelques poussins mâles continueront toutefois à naître, car cette technologie n'est pas totalement fiable. "Il y a un taux d'erreur qui nous est garanti à moins de 2%", détaille le président de GalloSuisse. Cette technologie a malgré tout été retenue car ces 2% de poussins mâles ont leur utilité. "Certains animaux doivent se nourrir de ces poussins, notamment les rapaces dans les zoos", révèle-t-il.
Légère hausse du prix
Une fois identifiés, les œufs qui donneront des mâles seront ensuite détruits dans un broyeur avant d'être valorisés sous forme de nourriture pour animaux ou transformés en biogaz, complète le spécialiste.
Les coûts de cette mesure seront intégrés dans le calcul des prix à partir du 1er janvier 2025. Selon Daniel Würgler, les œufs coûteront plus cher, mais il considère la hausse comme "raisonnable", avec un surcoût par œuf qu'il estime entre 1 centime et un centime et demi au bout de la chaîne, pour le consommateur.
Pas pour le bio
Cette nouvelle méthode ne sera en revanche pas utilisée par le secteur bio, qui préfère éviter le tri des œufs avant éclosion. Là, l'abandon de la mise à mort des poussins se fera progressivement, via l'élevage des "coqs frères" (les poussins mâles) et par l'élevage de "poules à deux fins", qui servent à produire à la fois de la viande et des œufs.
Actuellement, plus de la moitié des coqs frères sont déjà élevés; d'ici fin 2025, les directives bio prévoient un pourcentage de 100%, précise le communiqué de GalloSuisse.
"On a des approches différentes. Ça laisse aussi le choix au consommateur de choisir la méthode qui lui correspond le mieux", défend Daniel Würgler, qui ajoute que "ces solutions différentes ont aussi un coût différent".
faj/vic avec ats