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Les prisons romandes manquent cruellement de places

De nombreuses prisons romandes ont atteint les limites de leurs capacités. Une situation particulièrement tendue dans les cantons de Vaud et Genève
De nombreuses prisons romandes ont atteint les limites de leurs capacités. Une situation particulièrement tendue dans les cantons de Vaud et Genève / 19h30 / 1 min. / le 22 mai 2024
La Suisse romande manque cruellement de places dans ses prisons. La plupart des établissements atteignent les limites de leurs capacités, surtout dans les cantons de Genève et de Vaud.

Les prisons suisses sont au bord de l’asphyxie. Leur taux d'occupation avoisine les 95%. Actuellement, 6881 personnes sont incarcérées, soit 7% de plus que l'année dernière.

La situation est particulièrement tendue en Suisse romande. Si le Jura, le Valais et Fribourg restent sous la barre des 90%, la situation est alarmante dans les cantons de Genève et de Vaud, où le taux d'occupation atteint une moyenne de 102,4%.

Trop d'incarcérations?

Pour Julie de Dardel, géographe spécialiste en politique carcérale, la réelle cause est la sur-incarcération. "On a trop recours à la détention, particulièrement dans le canton de Vaud et Genève, où deux phénomènes se cumulent: d'une part, le recours à la détention préventive - autrement dit avant jugement - est extrêmement importante. D'autre part, le recours à des courtes peines pour des délits qui sont en général de peu de gravité est très intensif", a-t-elle expliqué mercredi dans le 19h30 de la RTS.

Certaines prisons atteignent des taux records, comme Bois-Mermet à Lausanne, où il culmine à 165%. Il s'agit du plus haut de Suisse. Autre structure pointée du doigt: Champ-Dollon à Genève. Le plus grand pénitencier romand accueille jusqu’à 530 personnes par mois, alors que sa capacité est de 398 places.

Plusieurs chantiers en cours

Comment faire pour désengorger les prisons suisses? "Il n'y aura pas de solution de long terme sans s'engager sur une voie de réduction du recours à la détention. Augmenter sans cesse le nombre de places ne permet pas de sortir de cette spirale", réitère Julie de Dardel.

Cette stratégie de détention plus modérée est déjà en vigueur dans les cantons alémaniques. Pour l'instant, les Romands misent plutôt sur de nouvelles prisons. Plusieurs chantiers sont d'ailleurs en cours pour l'horizon 2030.

SJ/fgn

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La prison de Sion dévoile sa nouvelle extension

La nouvelle extension de la prison de Sion a été dévoilée mercredi. Flambant neuve avec 22 places dévolues à la détention de personnes étrangères avant leur renvoi, elle ne résoudra pas tous les problèmes, concède le gouvernement valaisan, mais c’est un début de réponse à la surcharge carcérale.

"On avait une vétusté des bâtiments, qui ne répondaient plus aux normes", a expliqué dans le 19h30 Frédéric Favre, le conseiller d'Etat en charge du dossier. "Avec cette modernisation, on a pu se mettre dans une détention plus humaniste". Pour rappel, par le passé, la détention administrative se trouvait sur un autre site valaisan qui avait fait l’objet de plaintes d’organisations humanitaires.

A cette nouvelle extension se rajoute un autre espace qui accueillera une dizaine de détenus en exécution de peine avec des profils et besoins particuliers.

>> Regarder le sujet du 19h30 :

La prison de Sion dans le Valais a dévoilé mercredi  sa nouvelle extension
La prison de Sion dans le Valais a dévoilé mercredi sa nouvelle extension / 19h30 / 1 min. / le 22 mai 2024

"On va pouvoir rapatrier des détenus en Valais. On va pouvoir aussi en prendre dans d’autres cantons. Parce que les autres cantons nous prennent aussi des détenus", ajoute Frédéric Favre.

La gestion des délinquants mineurs et jeunes adultes reste toutefois un défi de taille, comme le souligne George Seewer, chef du Service de l'application des peines et mesures. "Ce qui nous manque, c’est le centre de Pramont, qu’il faut rénover et agrandir. Et ce qui nous manque aussi en Valais, ce sont des places pour des mesures thérapeutiques institutionnelles en milieux fermés."

>> Lire à ce sujet : L'absence de place en soins psychiatriques dans les prisons inquiète le Valais

L’objectif visé par le canton du Valais à l’horizon 2030 est de passer de 268 à 367 places, tous sites de détention confondus.