Un récent article paru le 12 mars dans la revue The Lancet a établi un bilan de la pandémie: le virus aurait causé 30 millions de décès et 20 millions de vies auraient été épargnées grâce aux vaccins. En 2020-2021, le Covid a fait reculer l'espérance de vie moyenne d'un an et demi. Ce bilan soulève une question: aurait-on pu mieux faire?
On a donné des miettes de nos vaccins, tardivement, on s'est mal organisé pour que tous les pays puissent avoir des tests, des vaccins, des médicaments, de l'oxygène... Donc on pourrait mieux faire
Un regret partagé par l'ONU, qui observe par ailleurs que la pandémie aura creusé le fossé entre les pays riches et pauvres.
En Suisse, le début de la pandémie avait notamment mis en exergue l'importance des métiers du soin. Ils avaient même été applaudis sur les balcons. En novembre 2021, l'initiative sur les soins infirmiers était acceptée. Pourtant, trois ans plus tard, rien n'a réellement changé et la crise du système de santé est repassée au second plan.
Polarisation de la société
La limitation des libertés individuelles par les mesures sanitaires a provoqué de la colère et de l'incompréhension chez une partie de la population, qui s'est mobilisée à travers les mouvements antivaccins. En septembre 2021, au plus fort de la mobilisation contre le pass sanitaire, le Palais fédéral avait même été bouclé.
Dans ces milieux politiques, on idéalise l'assaut du Capitole aux Etats-Unis. On a barricadé le Palais fédéral parce qu'on a peur, les émotions pourraient vite déborder
Cette contestation, très présente sur les réseaux sociaux, a mobilisé. On a par exemple dû voter pas moins de trois fois au sujet de la "Loi Covid".
Plus largement, la défiance par rapport à la science inquiète. Pour l'éthicien Bertrand Kiefer, "elle est liée certainement aux réseaux sociaux qui portent toutes sortes de complotisme et font des bulles d'opinions, mais aussi au fait que la science parle maintenant d'un futur qui n'est pas très drôle". Selon lui, les enjeux climatiques et sanitaires inquiétants à venir peuvent ainsi pousser à un certain déni.
La question du Covid long
En Suisse, des milliers de personnes souffrent d'une affection post-Covid-19, ou "Covid long", une maladie qui peut perdurer plusieurs années. État de fatigue généralisée, brouillard mental, souffle court: ses symptômes empêchent de vivre normalement. En début d’année, une équipe de recherche de l'Université de Zurich a fait une avancée importante en proposant un test capable de diagnostiquer le Covid long. Un espoir pour les malades.
La prochaine étape va être de valider ce qu’on a trouvé et puis d’imaginer un traitement qui pourra cibler cette dérégulation du système immunitaire
Et vous dans tout ça ?
Ces quatre ans de Covid sont aussi l'occasion de se rappeler que l’on peut faire beaucoup, chacune et chacun, pour éviter de transmettre des virus dangereux pour les personnes fragiles.
Claire Burgy