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Les relations entre professeurs et élèves du post-obligatoire questionnent

En Suisse romande, les relations intimes entre professeurs et élèves ne sont pas toujours formellement interdites
En Suisse romande, les relations intimes entre professeurs et élèves ne sont pas toujours formellement interdites / 19h30 / 2 min. / le 17 février 2024
Dans les écoles post-obligatoires, les relations entre professeurs et élèves ne sont pas toujours formellement interdites. Récemment, un enseignant de lycée à La Chaux-de-Fonds a fait recours contre son licenciement. Il est mis en cause pour des rapports intimes avec trois étudiantes.

L’affaire défraie la chronique dans le canton de Neuchâtel. En décembre à La Chaux-de-Fonds, un enseignant du lycée [secondaire II dans ce canton, ndlr] est licencié pour avoir eu des relations sexuelles avec trois élèves âgées de 17 à 21 ans. Les faits se sont produits entre 2000 et 2020. Chez les élèves, on oscille entre choc et soulagement.

"Je ne m'y attendais pas du tout. Surtout que c'était aussi mon prof à moi. Et puis, jamais je ne me serais imaginé une telle chose, surtout dans un milieu éducatif", raconte Jeanne, une élève de l'école.

"Cela ne m’aurait vraiment pas rassurée qu'il reste travailler ici et surtout, j'aurais trouvé ça vraiment pas correct envers les élèves. Je trouve que c'est normal de la part de la direction qu’ils prennent les mesures nécessaires directement", estime aussi Marie, une autre élève.

Une décision soutenue par Christophe Darbellay

Christophe Darbellay, conseiller d'Etat valaisan en charge de la formation et président de la Conférence intercantonale de l'instruction publique, est revenu sur ce dossier samedi dans le 19h30 de la RTS.

Le Valaisan pense que le licenciement est justifié. Pour lui, "le bon sens et la tolérance zéro, c’est à peu près la même chose. Soit il s’agit d'un élève mineur et ça tombe sous le droit pénal. Soit il s’agit d’un élève majeur, dans un cadre consenti, et il s’agit d’une violation assez claire des devoirs professionnels d’un professeur".

>> Ecouter son interview dans le 19h30 :

Le point sur la polémique des relations intimes entre professeurs et élèves avec Christophe Darbellay, conseiller d’État valaisan en charge de la formation
Le point sur la polémique des relations intimes entre professeurs et élèves avec Christophe Darbellay, conseiller d’État valaisan en charge de la formation / 19h30 / 2 min. / le 17 février 2024

Recours de l'enseignant

Depuis son licenciement, l’enseignant a fait recours. Dans la presse locale, son avocat parle de sanction disproportionnée.

Tel n’est cependant pas l’avis de la conseillère d’Etat neuchâteloise en charge de l’éducation, même si aucun règlement n’interdit à un enseignant d'entretenir une relation intime avec un élève majeur. "C'est écrit nulle part, mais ça fait aussi partie du bon sens de la formation qui est faite aux enseignants par la HEP, notamment en termes de responsabilité et d'éthique professionnelle", défend Crystel Graf.

Clarifications réclamées

Ce vide juridique inquiète le Grand Conseil neuchâtelois. Dans un texte, plusieurs députés réclament plus de clarté. "On a déposé cette motion pour vraiment clarifier les choses. Est-ce que les relations sexuelles entre enseignants et élèves sont interdites y compris après 18 ans? Et sinon, est-ce nécessaire de l'ancrer dans la loi?", se demande Clarence Chollet, députée verte.

En Suisse romande, seul le canton de Genève prévoit des dispositions spécifiques. Une directive cantonale a été mise en place en 2019 à la suite d’affaires similaires. Elle applique la tolérance zéro.

"Le personnel enseignant doit adopter une distance adéquate eu égard au rôle d'autorité qu'ils et elles exercent sur les élèves", précise la directive, qui stipule explicitement que "tout comportement, même consenti, touchant l'intégrité sexuelle est proscrit".

Le syndicat des enseignants romands renvoie à la loi

De son côté, le syndicat des enseignants romands ne pense pas qu'il soit nécessaire de donner de consignes particulières et renvoie à la loi. "On ne discute pas du tout des élèves qui seraient mineurs. Là, il y a un cadre légal, une loi qui sanctionne en cas de dérapage", relève d'abord David Rey, président du syndicat.

"Mais à partir du moment où un élève est majeur, on entre davantage dans un aspect déontologique; là, chacun sera juge de ce genre de situation. Ce n’est pas à nous de le faire", estime-t-il.

Jan Haesler

Adaptation web: Julien Furrer

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