Les soeurs Dittli, deux conseillères d'Etat dans des cantons aux réalités bien différentes
Les deux soeurs Dittli se sont engagées assez tôt en politique dans le canton de Zoug. Mais l'aînée, Laura, 33 ans, y est restée, alors que la cadette, Valérie, 31 ans, l'a quitté pour le canton de Vaud.
Désormais conseillères d'Etat, les deux politiciennes du Centre font toutefois face à des réalités bien différentes. Car entre le petit canton de Zoug et Vaud, le canton le plus peuplé de Suisse romande, il y a un monde, surtout en termes de santé financière.
Comment être plus économe?
En mars dernier, Valérie Dittli présentait ainsi les premiers chiffres rouges du canton de Vaud depuis près de 20 ans, avec un déficit de 39 millions de francs. Un chiffre bien en deçà du trou budgété, grâce à des recettes meilleures que prévu, mais un déficit quand même.
A l'inverse, Zoug est passé de 285 millions de bénéfices en 2020 à 461 millions en 2023. Le canton estimait même en début d'année qu'il pourrait avoir 4 milliards de francs d'économies d'ici 2030, alors même qu'il vient d'annoncer une nouvelle baisse d'impôts et reste en tête des cantons les plus compétitifs.
Laura Dittli attribue avant tout cette santé financière éclatante à une logique économe. "Le canton a toujours été comme ça. Par exemple, pendant mes années au Grand Conseil, on a fait beaucoup de mesures d'économie. Et puis il y a aussi l'attractivité fiscale, ce qui nous permet d'avoir beaucoup d'argent et d'être en capacité d'effectuer des prestations sociales maintenant", explique-t-elle.
Pour Valérie Dittli, c'est aussi "dans la nature zougoise" de réfléchir vraiment à ce qui est "la manière la plus efficace de dépenser l'argent public". Une recette dont la conseillère d'Etat vaudoise en charge des Finances aimerait pouvoir s'inspirer, bien que les réalités ne soient pas les mêmes, le canton de Vaud étant bien différent par sa taille et ses dépenses, 11,5 milliards de francs en 2023.
"Je ne sais pas si c'est vraiment comparable (...) mais on doit maintenir nos prestations tout en changeant peut-être un peu la manière dont on dépense, surtout à l'intérieur de l'Etat", analyse-t-elle.
La question fiscale
Autre différence de taille entre Zoug et le canton de Vaud, la politique fiscale. Du côté du canton alémanique, la taxation pour les entreprises mais aussi pour les personnes physiques est en général la plus basse au niveau national. Au contraire, les Vaudois et les Vaudoises font eux toujours partie des contribuables les plus taxés du pays.
Pour y remédier, le canton de Vaud a décidé d'une baisse d'impôt sur les personnes physiques de 3,5% entrée en vigueur en 2024 et une nouvelle baisse de 1,5% pourrait encore s'y ajouter en 2025 "sous réserve de la situation financière de l'Etat". Le canton devrait par ailleurs lancer un contre-projet à l'initiative du patronat et des milieux économiques qui demandent une réduction d'impôts de 12% sur le revenu et la fortune.
Pour Valérie Dittli, la situation vaudoise ne peut certes encore une fois pas être comparée à celle de Zoug. "Ils ont deux hôpitaux. On en a plus. Ils ont un tunnel. On en a plusieurs. Le canton de Vaud peut plutôt se comparer à des cantons comme Zurich ou Berne, qui ont un peu les mêmes réalités. Et là, on constate qu'on paye beaucoup plus d'impôts dans le canton de Vaud."
D'après la conseillère d'Etat vaudoise, il y a donc une urgence à agir pour la classe moyenne. "Il nous faut une réforme. Si on regarde Zoug (...), on voit que trop d'impôts, ce n'est pas bien. Il faut donc trouver un impôt plus raisonnable pour attirer des contribuables qui amèneront un substrat financier à notre canton et nous permettront d'élargir ensuite notre Etat social et nos prestations", conclut-elle.
Propos recueillis par Renaud Malik
Adaptation web: Tristan Hertig