Il ne faut jamais oublier une chose: le but de toute assurance, c'est de trouver des raisons pour ne pas payer ses clients
Les assurances négocient les tarifs remboursés avec les établissements, sous contrôle durci depuis 2020 des règles imposées par la Finma, l’autorité de surveillance des marchés. Cette fois-ci, ça a coincé, à cause des tarifs pratiqués à la clinique de La Tour.
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"Un exemple: la prothèse du genou. A La Tour, elle coûte 14'000 francs de plus que dans l’établissement le moins cher de Suisse et deux tiers de plus que dans la moyenne des cliniques du pays", détaillait Thomas Boyer, directeur de Groupe Mutuel dans l’émission Forum du 29 avril dernier. Bilan: 1200 patientes et patients ne pourront bientôt plus être opérés comme prévu à l'Hôpital de La Tour.
Résignation
Comme souvent, les plus touchés restent les assurés, même si théoriquement, le choix du médecin reste possible pour autant qu’il puisse opérer dans une clinique voisine. Cela complique la donne pour les médecins, comme l’expliquait le chirurgien Jean-Marc Heinicke dans le 19h30 de la RTS. "Mon équipe est à La Tour, j’y pratique 95% de mes opérations. Quand je dois amener un patient dans une autre clinique, c'est une autre équipe. J'ai cette possibilité, mais il y a des chirurgiens qui ne sont pas accrédités partout", expliquait-il.
L'Hôpital de La Tour a annoncé prendre en charge les frais pour les assurés du Groupe Mutuel jusqu’au 1er juillet. Passé ce délai, il faudra changer d’établissement ou payer la différence.
Et même pour ce qui est de l’assurance de base, la résignation se fait sentir. Cette année, malgré une augmentation moyenne de 8,7% des primes, peu de personnes ont changé de caisse, ce qui est symptomatique pour Stéphanie Monod, professeure à l’Université de Lausanne et cheffe du département Unisanté. "C'est bien probablement la preuve que ce type de concurrence ne marche pas. On est à la fin de ce modèle", estime-t-elle.
Et vous dans tout ça?
Cette fois-ci, c’est le Groupe Mutuel, et avant eux, en 2022, Assura avait réduit sa liste hospitalière et des tensions similaires existent avec la CSS. Ce genre de cas risque de se représenter.
Des conditions de remboursement qui changent sont un motif de résiliation anticipée. Sachant que la base couvre la majorité des soins nécessaires, on peut se prémunir en renonçant à son assurance complémentaire.
Afin de faire face à la hausse des primes qui étouffe une grande partie de la population, deux initiatives - du Parti socialiste et du Centre - seront soumises à votation le 9 juin, entre limitation des primes pour la gauche et frein aux coûts de la santé pour le Centre.
Claire Burgy