A la gare d'Essert-sous-Champvent (VD), la négociation pour tenter de libérer des passagers pris en otage a duré un peu plus de trois heures. Mais face à un homme armé et menaçant, la police a décidé de lancer l'assaut peu après 22h, à un moment où le preneur d'otages quittait la rame.
Pour le requérant d'asile iranien de 32 ans, l'issue de cette confrontation a été fatale. Un des membres du groupe d’intervention a d’abord fait usage de son taser, précise la police, qui explique que, malgré cela, l'homme a continué sa course en direction des policiers et des otages.
"C’est alors qu’un deuxième membre de l’unité a fait usage de son arme afin de le neutraliser", détaille encore la police.
Des cas très rares en Suisse
Cette issue reste cependant extrêmement rare en Suisse. Au cours des cinq dernières années, on ne compte qu'un à trois cas par an de victimes tombées sous les balles de la police.
En effet, un agent ne peut utiliser son arme de fonction que dans certaines circonstances bien précises. Notamment en "situation de légitime défense" ou si des "victimes potentielles" sont en danger, a détaillé Eric Kaltenrieder, procureur général vaudois, interrogé dimanche dans l'émission Forum.
D'autres situations, beaucoup plus rares, peuvent aussi survenir. Par exemple, "un criminel en fuite qui forcerait un barrage" ou, justement, "une prise d'otages", explique Ivan Keller, chef d'état-major de la police cantonale neuchâteloise, lundi dans le 19h30.
Tirer en dernier recours
Lors de toute intervention des forces de l’ordre, le principe de proportionnalité doit également être respecté. "L'engagement d’une arme à feu doit, en fonction des circonstances, apparaître comme le dernier moyen possible pour mettre un terme à la crise", appuie Christian Favre, avocat de l'un des policiers dans l’affaire Mike Ben Peter, le Nigérian qui avait trouvé la mort en 2018 à Lausanne durant une intervention policière.
Dans une situation d’urgence, viser la jambe ou le bras est trop aléatoire
"La formation des policiers, dans ce genre de cas, est de viser le torse", précise Me Favre à la RTS. Mais pourquoi cette partie du corps en particulier?
"Dans une situation d’urgence, viser la jambe ou le bras est trop aléatoire. Et, par ailleurs, cela peut avoir les mêmes conséquences fâcheuses que sur le torse ", assure encore l'homme de loi.
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Une enquête systématique
Comme à chaque fois qu'un policier ouvre le feu et qu'il y a un décès, note encore Eric Kaltenrieder, une enquête pénale a été ouverte. Celle-ci devra déterminer si l'agent du groupe d'intervention a utilisé son l’arme de manière proportionnée.
Dans ce cas-ci, des images prises à l'intérieur du train et des images de vidéosurveillance pourront être analysées "pour y voir plus clair", ajoute encore le procureur général vaudois.
Sujet TV: Yoan Rithner et Olivier Kurth
Adaptation web: Doreen Enssle