Si vous voyagez entre Lausanne et Sion, certains wagons vous semblent peut-être un peu vétustes avec leurs hautes marches, leur sol en lino et leurs toilettes exiguës. Ce n’est pas qu’une impression: les rames sur ce tronçon circulent depuis presque 30 ans en moyenne. A l’inverse, pour un trajet entre Coire et St-Gall, vous aurez droit à des véhicules mis en service il y a tout juste trois ans.
Pour connaître l’âge moyen du matériel roulant, la cellule data de la RTS a identifié le type de wagons utilisé pour chaque train exploité par les CFF sur leur réseau grandes lignes InterCity, InterRegio et RegioExpress.
Contrairement à ce que la ligne Genève-Brigue peut laisser croire, la Suisse romande n’est pas délaissée au profit de la Suisse allemande. Pour le trajet Genève-Zurich, via Lausanne et Fribourg, on ne trouve que des rames âgées de moins de quatre ans. C’est vingt ans de moins que pour les trains sur le tracé Brigue-Berne-Bâle par exemple. La Suisse italienne n’est pas en reste et bénéficie de matériel récent, en circulation depuis cinq à onze ans en moyenne.
"Pas de discrimination régionale"
Pour David Henny, responsable de la planification de l’offre voyageurs aux CFF, ces disparités ne reflètent pas de discrimination régionale. L’attribution du matériel roulant se décide en fonction du besoin de chaque ligne, indépendamment des régions traversées. Plusieurs éléments, comme le nombre de places assises disponibles ou la nécessité d’un wagon restaurant, rentrent en compte pour proposer les trains les plus adaptés au trajet.
Si entre Genève et Brigue les plus vieux véhicules ont plus de 40 ans dans les roues, l’âge des rames ne semble pas être la première préoccupation du côté des passagers. "Je ne vois pas beaucoup de différence. Les trains sont toujours confortables et on arrive à destination", note une cliente en gare de Lausanne. Certains usagers préfèrent même les bons vieux wagons à un étage qu’ils estiment plus stables, plus spacieux et plus agréables que les rames modernes à deux niveaux.
Les CFF soulignent que l’ancienneté des rames, définie par leur date de mise en service, ne représente pas leur état réel. Ils entreprennent des rénovations complètes de leurs véhicules après un certain nombre d’années d’exploitation afin de prolonger leur durée de vie et d’adapter leur confort, que ce soit en optimisant la place ou en offrant une meilleure réception téléphonique.
Des rénovations qui sont vues d’un bon œil de la part de la clientèle. "On paie cher pour les billets, donc c’est bien d’investir pour le confort des gens", estime une voyageuse à destination du Valais.
A l’ère du recyclage et de la seconde main, les vieux trains des CFF ne font pas exception et ont encore de beaux jours devant eux, en Valais comme ailleurs en Suisse.
Cyrille Gay-Crosier
Sujet TV: Pierre Jenny
Méthode et données
Notre analyse se base sur les données publiques des CFF concernant l’horaire 2024, qui contiennent la date de mise en service des wagons et des rames dont ils sont propriétaires.
Une partie du trafic grandes lignes n’est pas exploitée par les CFF, mais par d’autres compagnies, comme le BLS ou la Südostbahn (SOB), et ne figure donc pas dans les données traitées.
Pour chaque train de leur horaire, les CFF indiquent quel type de véhicule est prévu. La formation peut être modifiée si du matériel roulant est éventuellement indisponible. Ces changements ne sont pas pris en compte.