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Lors de la pandémie, "on a souffert, mais on a évité un très grand nombre de décès", selon Antoine Flahault

L'invité de La Matinale - Antoine Flahault, médecin épidémiologiste professeur à l’UNIGE
L'invité de La Matinale - Antoine Flahault, médecin épidémiologiste professeur à l’UNIGE / La Matinale / 15 min. / le 13 mars 2024
Il y a exactement quatre ans, pour lutter contre la propagation du coronavirus, le Conseil fédéral prenait des mesures drastiques, notamment en interdisant les rassemblements de plus de 100 personnes et en fermant les écoles. Mercredi dans La Matinale, Antoine Flahault estime que la Suisse a bien géré la situation, mais il souligne qu'un retour rétrospectif de cette gestion serait nécessaire.

Antoine Flahault, épidémiologiste français de 63 ans et directeur de l’Institut de santé globale à l'Université de Genève, s’est fait connaître lors de la pandémie de Covid-19. Quatre ans après le semi-confinement décrété en Suisse, il estime qu’il est temps pour les experts impliqués dans cette gestion de crise de faire un bilan: "Il va vraiment falloir que l'on se mette autour de la table et réfléchir à ce que nous avons bien fait, à ce que nous aurions pu faire mieux, et à ce que d’autres pays ont fait de mieux que nous."

On a eu la chance d'avoir des vaccins qui sont arrivés extrêmement précocement (...) et que la population a pris de façon remarquable.

Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève

Selon son expertise, malgré les difficultés, la Suisse a pris les bonnes mesures. "Bien sûr, que l'on a souffert, mais on a évité un très grand nombre de décès. Cette pandémie a été très meurtrière", souligne-t-il.

Un article de Lancet paru mardi indique que la pandémie a causé 30 millions de décès dans le monde. "C'est considérable et on sait que l'on a évité, grâce aux vaccins, encore 20 millions de décès supplémentaires", ajoute l'épidémiologiste.

Selon lui, la vaccination a également contribué à une réduction significative des prises en charge en soins intensifs.

Aux pays les plus pauvres de la planète, on n'a donné que des miettes

Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève

Cependant, il exprime un profond regret concernant la gestion de la distribution des vaccins et des ressources de santé aux pays les plus pauvres. Il déplore le manque d’organisation pour assurer que tous les pays aient accès aux tests, vaccins, médicaments et oxygène nécessaires. "On n'a donné que des miettes, un peu de nos vaccins, mais tardivement", souligne-t-il.

Antoine Flahault estime qu’il y a possibilité de s'améliorer dans la gestion d'une pandémie et appelle à une évaluation critique des actions de la task force scientifique dont il faisait partie durant la crise du Covid-19. Malgré les anciens désaccords, il croit que la collaboration et l’écoute des autorités ont permis de gérer la pandémie de manière plutôt efficace. "On n’était pas toujours d’accord entre nous, mais je crois qu’on a pu finalement passer cette pandémie terrible", ajoute-t-il.

Propos recueillis:  Delphine Gendre

Adaptation web: Miroslav Mares

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"Prévenez-moi", un roman pour parler de prévention

Antoine Flahault s’efforce de rendre la prévention ludique et accessible à tous, un domaine encore trop négligé par les autorités et la recherche. Son prochain livre "Prévenez-moi" sort jeudi aux éditions Robert Laffont, il utilise la fiction pour aborder la prévention de la santé.

"Ce n'est pas toujours simple d'informer le public de l'existence de preuves scientifiques. A mon avis, le roman permet de l'aborder de manière accessible", explique Antoine Flahault. Ainsi, il utilise la simulation de conversations entre amis, en famille ou avec des professionnels de la santé fictifs pour commenter les différentes opinions sur la prévention de la santé.

Il compare cette approche à celle des scientifiques qui utilisent aussi des simulations pour étudier des phénomènes tels que les épidémies.