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Malgré l'interdiction, le démarchage téléphonique "à froid" n'a pas complètement disparu

Le démarchage téléphonique tourne parfois au harcèlement. Mais il est pourtant impossible d'identifier l'origine des appels
Le démarchage téléphonique tourne parfois au harcèlement. Mais il est pourtant impossible d'identifier l'origine des appels / 19h30 / 2 min. / le 17 octobre 2024
Alors que la population a jusqu'au 30 novembre pour changer d'assurance maladie, le démarchage téléphonique "à froid" par les assureurs continue. Et cela malgré une interdiction effective qui court depuis le 1er septembre.

Depuis le mois d'avril, Gaël Bornet a déjà reçu plus de 80 appels incessants sur son téléphone portable, une vingtaine rien qu'en septembre. Or, le démarchage téléphonique à froid, c’est-à-dire la prise de contact avec une personne qui n'a jamais été assurée auprès de l’assureur ou qui ne l’est plus depuis 36 mois sans qu’elle ait elle-même sollicité la compagnie est interdit depuis le mois de septembre.

A l'autre bout du fil: des intermédiaires en assurance qui lui proposent un rendez-vous avec un courtier. "Je réponds oui aux questions si je suis un bon payeur et si je ne suis pas à l'AI et j’accepte les rendez-vous parce que j'aimerais bien savoir qui se cache derrière", a témoigné Gaël jeudi dans le 19h30 de la RTS. Il tente d'avoir un maximum d'informations sur ses interlocuteurs et tient un registre qu'il transmet régulièrement au Secrétariat d'Etat à l'économie.

>> Pour en savoir plus : Le démarchage téléphonique à froid par les assureurs sera interdit dès septembre

Mais il est pratiquement impossible d'identifier les interlocuteurs et entreprises qui pratiquent le démarchage. Souvent, ces intermédiaires en assurance appellent depuis l'étranger, tout en utilisant des numéros de téléphone suisses non attribués. "Ces numéros, des packs commençant par 021, 022, etc., sont vendus par la Confédération aux opérateurs, qui ensuite les revendent à des centres d'appel", explique Malika Pessard, responsable conseil et juriste à la Fédération romande des consommateurs.

La FINMA menace de porter plainte

Mais une question demeure: comment les démarcheurs se procurent-ils nos numéros de téléphone? La RTS a pu entrer en contact avec l'un d'entre eux, en prétendant avoir manqué son appel. "Suite à notre collaboration avec toutes les compagnies d'assurance, on a un accès direct aux bases de données de tous les assurés de la localité", a-t-il expliqué.

Sa version est cependant démentie par les compagnies d’assurance, qui affirment ne jamais vendre ni communiquer les coordonnées de leurs clients, et pour cause: le démarchage téléphonique est interdit si la personne n'a, d'elle-même, pas sollicité l’entreprise. La FINMA, gendarme des intermédiaires en assurance, menace d'ailleurs de porter plainte contre ceux qui continuent d'appeler des particuliers sans leur accord.

Jusqu'à 100'000 francs d’amende

"Nous avons mis à disposition un formulaire digital où les personnes peuvent nous soumettre des informations. Ce qui est important, c'est de connaître l'identité de la personne et l'entreprise pour laquelle elle travaille", précise Malika Pessard.

Les démarcheurs encourent jusqu’à 100'000 francs d'amende, une menace qui semble aujourd'hui impossible à mettre à exécution. Lors de l'appel de la RTS, l'interlocuteur a déclaré travailler pour le compte d'une société dont il n'existe aucune trace au registre des entreprises.

Charlotte Onfroy-Barrier/hkr

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